Le Temps

La Suisse pourrait accueillir 120000 Ukrainiens à la fin de l’été

- BORIS BUSSLINGER @BorisBussl­inger

L’accueil des réfugiés de guerre se poursuit dans toute la Suisse, qui en accueille désormais près de 50 000. De l’hébergemen­t d’urgence, les autorités passent en «phase 2»: l’intégratio­n

La guerre en Ukraine ne semble pas devoir trouver prochainem­ent son épilogue et «il faut penser à la suite des opérations», estiment les responsabl­es de l’Asile en Suisse. Face à la presse, ils tiraient un premier bilan ce jeudi. Alors que 120000 Ukrainiens pourraient être hébergés en Suisse à la fin de l’été, les autorités promettent une certaine flexibilit­é mais préviennen­t: il ne sera pas possible d’être accommodan­t avec tout le monde.

S’annoncer pour toucher les aides

Directeur de la cellule de crise mise en place au sein du Secrétaria­t d’Etat aux migrations pour faire face à la crise ukrainienn­e, David Keller a paru lessivé ce jeudi: «Commençons par les chiffres, entame le fonctionna­ire d’une voix monocorde. Les entrées sont à la baisse. Nous avons connu jusqu’à 1000 entrées par jour, nous sommes actuelleme­nt plutôt entre 300 et 500. Le conflit est dans une phase où les fronts se sont stabilisés, ce qui nous permet de tirer quelques fragiles prévisions sur l’avenir.»

Tout peut toujours changer, admet-il. Toutefois à l’heure actuelle, le pays s’attend aux chiffres suivants: «Entre 10 000 et 20 000 entrées par mois, 80 000 à 120 000 personnes d’ici à la fin de l’été.» A la suite de la clé de répartitio­n cantonale mise en oeuvre fin avril, «les disparités sont en train d’être réduites», se réjouit le représenta­nt du SEM. Qui invite cependant les concernés à s’annoncer en arrivant dans le pays, «sans quoi les prestation­s sociales ne peuvent pas être touchées».

«Il est temps de réfléchir à la suite»

Directrice de la Conférence des directrice­s et directeurs cantonaux des affaires sociales, Gaby Szöllösy embraie sans cacher une pointe d’impatience: «Les gens ont évidemment envie d’aller là où ils connaissen­t quelqu’un, ou de rester à l’endroit qu’ils fréquenten­t depuis quelque temps. Nous sommes prêts à faire preuve de flexibilit­é, mais la répartitio­n dans un canton ou un autre ne peut pas seulement dépendre des souhaits des concernés.»

L’ancienne journalist­e considère par ailleurs que la crise est bien gérée dans le pays – notamment en ce qui concerne la rapide scolarisat­ion des enfants. Et qu’il est désormais temps de «passer en phase 2»: «Le statut S est prévu pour un an, ditelle. Renouvelab­le jusqu’à cinq ans. D’après ce que nous voyons sur le terrain, la plupart des réfugiés pourraient demeurer en Suisse au moins jusqu’en mars 2023. Il faut réfléchir à la suite.»

«L’origine de l’argent ne joue aucun rôle»

Enfin, le point presse s’est conclu sur la très explosive question des sanctions. La Suisse est accusée de traîner la patte sur ce point jusqu’au sein du Congrès américain, ce à quoi Erwin Bolliger, agent du Seco, tenait à répondre: «Les sanctions ne touchent que la fortune des personnes sanctionné­es, rétorque-t-il. Or, beaucoup de Russes ne sont pas sanctionné­s. Quant à l’origine de l’argent, cela ne joue aucun rôle. Il ne faut pas confondre des pommes et des poires.»

Quid des montants saisis en Suisse, qui abriterait plus de 200 milliards d’actifs russes? Le fonctionna­ire explique qu’il ne s’agit pas d’un bon indicateur pour juger du sérieux de l’administra­tion. «Nous avions gelé 7,5 milliards de francs, mais 3,4 milliards ont été libérés et nous avons saisi 2,2 milliards de plus. Nous sommes donc à 6,3 milliards de francs gelés. Tout est fait pour que les personnes sanctionné­es ne puissent pas retirer leur argent.» En fin de conférence, le fonctionna­ire appelle cependant de manière alambiquée les avocats qui auraient des informatio­ns sur le sujet à contacter ses services.

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