Mova, le camp scout de tous les superlatifs
La vallée de Conches accueillera cet été les 35 000 participants du plus grand camp fédéral de l’histoire du scoutisme helvétique. Organisateurs et collectivités publiques valaisannes ne cachent pas leur impatience de voir se réaliser ce projet hors norme
«Il nous reste mille choses à faire, mais nous sommes dans un état d’esprit extrêmement positif!» A deux mois du coup d’envoi de «Mova – on y va!», le prochain camp fédéral du Mouvement scout de Suisse, l’excitation est à son comble pour sa codirectrice «Kolibri» (totem de Seraina Schwizer). Organisé tous les 14 ans, ce rendez-vous national constitue pour beaucoup l’apogée d’une vie scoute. Prévu pour 2021, il a été repoussé en raison de la pandémie.
Du 23 juillet au 6 août, près de 35 000 membres de la plus grande organisation de jeunesse helvétique – dont 6000 Romands – se réuniront sous tentes dans la vallée de Conches (VS), pour aider les animaux de Mova, une planète imaginaire. Avec 500 000 nuitées prévues, ce camp scout sera le plus grand jamais organisé en Suisse, et l’un des plus grands événements de l’année dans le pays. Il transformera Goms et Obergoms (1800 habitants) en deuxième ville valaisanne, talonnant Sion (35 000).
Le défi logistique est immense. Les infrastructures temporaires seront construites durant les deux semaines précédentes, sur un terrain de 165 hectares (230 terrains de foot) à proximité de l’aérodrome: centre de santé, poste de police, bureau de poste, centrale de distribution alimentaire, etc. Le budget de 25 millions de francs sera financé pour moitié par les participants. Le reste se partage entre merchandising et sponsors.
Pour gérer les montages et les démontages, ainsi que la sécurité et la préparation des repas, 5000 bénévoles seront nécessaires. Tous n’ont pas encore été trouvés, et les organisateurs ont récemment lancé un appel d’urgence. «Nous cherchons 1000 à 2000 personnes, scoutes ou non. Les inscriptions augmentent chaque jour, nous sommes confiants», indique Kolibri. Elle assure que toutes les constructions essentielles pourront être réalisées, quoi qu’il arrive.
Alors que le thème du camp sera centré sur l’écologie, n’est-ce pas paradoxal de déplacer autant de matériel et de personnes dans le Haut-Valais? «Les participants arriveront tous en transports publics, mais il est vrai que nous aurons recours à un nombre conséquent de camions pour la logistique. Nous mettons tout en oeuvre pour minimiser notre impact sur la région, son environnement et ses habitants.»
Les organisateurs ont notamment prévu un plan de protection des sols et un concept de limitation des déchets. Lors des activités, les jeunes seront sensibilisés aux questions environnementales et rapporteront dans leur sac à dos les connaissances acquises. De quoi faire évoluer les habitudes de leurs proches dans tout le pays, espère la codirectrice de Mova.
Coup de projecteur sur la vallée de Conches
Si la vallée de Conches a été retenue parmi les 20 candidatures soumises par différents cantons, c’est notamment pour son cadre alpin et les qualités du terrain mis à disposition. Il est rare de trouver une surface plate aussi grande, selon les organisateurs. Mais aussi grâce à l’engagement des autorités cantonales et locales. «Elles nous soutiennent avec une immense énergie, nos échanges sont très bons», souligne Kolibri.
Patric Zimmermann, président d’Obergoms et député valaisan, trépigne lui aussi d’impatience: «Durant deux semaines, nous serons au centre de l’attention du pays. C’est une manifestation extraordinaire pour l’ensemble du canton, et surtout pour notre région, qui dépend fortement du tourisme.» Selon lui, les 35 000 participants seront autant de futurs visiteurs potentiels.
Ce camp représente également un soutien bienvenu à l’économie régionale: «Les organisateurs travaillent avec des grands partenaires, comme les CFF, Migros ou La Poste. Mais ils tiennent aussi à s’approvisionner chez les petits commerçants. La demande est si élevée qu’ils ne pourront pas totalement y répondre.» La préparation de chaque petit-déjeuner nécessitera 5 tonnes de pain et 7500 litres de lait. Pour un repas avec verdure, 4000 têtes de salades seront consommées.
Des centaines de milliers d’heures de travail
D’autres chiffres donnent une idée de l’ampleur de Mova. Comme ces 550 bénévoles qui travaillent depuis 2017 à son organisation. «Ce sera l’aboutissement de centaines de milliers d’heures de travail», estime Kolibri. Elle concède que tout n’a pas été simple durant ces cinq années, surtout lorsque la pandémie est venue bousculer les plans établis.
«Reporter le camp a été vraiment un coup dur en termes de motivation. Les personnes impliquées planifient toute leur vie autour de ça. Certaines ont dû se retirer, d’autres nous ont rejoints. Le plus pénible, c’était les réunions en ligne.» C’est pour elle un grand soulagement que les équipes aient tenu le choc. «On se réjouit énormément de voir le résultat final, et surtout le sourire des enfants pour qui nous nous engageons depuis si longtemps. L’émotion sera d’autant plus forte au sortir de la crise sanitaire.»
Comme bien d’autres, les activités scoutes ont été fortement perturbées ces deux dernières années. Mais elles ont également bénéficié d’un regain d’intérêt: «Le covid a montré que les enfants ont besoin d’être dehors, de jouer, de vivre des amitiés. Nous ne sommes pas l’école, nous leur offrons un espace dans lequel ils peuvent s’épanouir sans exigences.» Le mouvement compte aujourd’hui 50 000 membres, soit 20% de plus qu’il y a dix ans.
Ancien scout répondant au totem d’«Aigle», l’ex-conseiller fédéral valaisan Pascal Couchepin salue de cette renaissance. «Elle témoigne d’une pédagogie du retour à la nature, mais aussi d’une prise de conscience de la responsabilité individuelle basées sur le service. Les scouts sont des gens motivés, qui m’ont toujours laissé une impression solide. Cela ne peut que me réjouir.»
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«Les scouts sont des gens motivés, qui m’ont toujours laissé une impression solide. Cela ne peut que me réjouir» PASCAL COUCHEPIN, L’ANCIEN CONSEILLER FÉDÉRAL ET EX-SCOUT RÉPONDANT AU TOTEM D’«AIGLE»