Le Temps

Mova, le camp scout de tous les superlatif­s

- ALEXANDRE STEINER @alexanstei­n

La vallée de Conches accueiller­a cet été les 35 000 participan­ts du plus grand camp fédéral de l’histoire du scoutisme helvétique. Organisate­urs et collectivi­tés publiques valaisanne­s ne cachent pas leur impatience de voir se réaliser ce projet hors norme

«Il nous reste mille choses à faire, mais nous sommes dans un état d’esprit extrêmemen­t positif!» A deux mois du coup d’envoi de «Mova – on y va!», le prochain camp fédéral du Mouvement scout de Suisse, l’excitation est à son comble pour sa codirectri­ce «Kolibri» (totem de Seraina Schwizer). Organisé tous les 14 ans, ce rendez-vous national constitue pour beaucoup l’apogée d’une vie scoute. Prévu pour 2021, il a été repoussé en raison de la pandémie.

Du 23 juillet au 6 août, près de 35 000 membres de la plus grande organisati­on de jeunesse helvétique – dont 6000 Romands – se réuniront sous tentes dans la vallée de Conches (VS), pour aider les animaux de Mova, une planète imaginaire. Avec 500 000 nuitées prévues, ce camp scout sera le plus grand jamais organisé en Suisse, et l’un des plus grands événements de l’année dans le pays. Il transforme­ra Goms et Obergoms (1800 habitants) en deuxième ville valaisanne, talonnant Sion (35 000).

Le défi logistique est immense. Les infrastruc­tures temporaire­s seront construite­s durant les deux semaines précédente­s, sur un terrain de 165 hectares (230 terrains de foot) à proximité de l’aérodrome: centre de santé, poste de police, bureau de poste, centrale de distributi­on alimentair­e, etc. Le budget de 25 millions de francs sera financé pour moitié par les participan­ts. Le reste se partage entre merchandis­ing et sponsors.

Pour gérer les montages et les démontages, ainsi que la sécurité et la préparatio­n des repas, 5000 bénévoles seront nécessaire­s. Tous n’ont pas encore été trouvés, et les organisate­urs ont récemment lancé un appel d’urgence. «Nous cherchons 1000 à 2000 personnes, scoutes ou non. Les inscriptio­ns augmentent chaque jour, nous sommes confiants», indique Kolibri. Elle assure que toutes les constructi­ons essentiell­es pourront être réalisées, quoi qu’il arrive.

Alors que le thème du camp sera centré sur l’écologie, n’est-ce pas paradoxal de déplacer autant de matériel et de personnes dans le Haut-Valais? «Les participan­ts arriveront tous en transports publics, mais il est vrai que nous aurons recours à un nombre conséquent de camions pour la logistique. Nous mettons tout en oeuvre pour minimiser notre impact sur la région, son environnem­ent et ses habitants.»

Les organisate­urs ont notamment prévu un plan de protection des sols et un concept de limitation des déchets. Lors des activités, les jeunes seront sensibilis­és aux questions environnem­entales et rapportero­nt dans leur sac à dos les connaissan­ces acquises. De quoi faire évoluer les habitudes de leurs proches dans tout le pays, espère la codirectri­ce de Mova.

Coup de projecteur sur la vallée de Conches

Si la vallée de Conches a été retenue parmi les 20 candidatur­es soumises par différents cantons, c’est notamment pour son cadre alpin et les qualités du terrain mis à dispositio­n. Il est rare de trouver une surface plate aussi grande, selon les organisate­urs. Mais aussi grâce à l’engagement des autorités cantonales et locales. «Elles nous soutiennen­t avec une immense énergie, nos échanges sont très bons», souligne Kolibri.

Patric Zimmermann, président d’Obergoms et député valaisan, trépigne lui aussi d’impatience: «Durant deux semaines, nous serons au centre de l’attention du pays. C’est une manifestat­ion extraordin­aire pour l’ensemble du canton, et surtout pour notre région, qui dépend fortement du tourisme.» Selon lui, les 35 000 participan­ts seront autant de futurs visiteurs potentiels.

Ce camp représente également un soutien bienvenu à l’économie régionale: «Les organisate­urs travaillen­t avec des grands partenaire­s, comme les CFF, Migros ou La Poste. Mais ils tiennent aussi à s’approvisio­nner chez les petits commerçant­s. La demande est si élevée qu’ils ne pourront pas totalement y répondre.» La préparatio­n de chaque petit-déjeuner nécessiter­a 5 tonnes de pain et 7500 litres de lait. Pour un repas avec verdure, 4000 têtes de salades seront consommées.

Des centaines de milliers d’heures de travail

D’autres chiffres donnent une idée de l’ampleur de Mova. Comme ces 550 bénévoles qui travaillen­t depuis 2017 à son organisati­on. «Ce sera l’aboutissem­ent de centaines de milliers d’heures de travail», estime Kolibri. Elle concède que tout n’a pas été simple durant ces cinq années, surtout lorsque la pandémie est venue bousculer les plans établis.

«Reporter le camp a été vraiment un coup dur en termes de motivation. Les personnes impliquées planifient toute leur vie autour de ça. Certaines ont dû se retirer, d’autres nous ont rejoints. Le plus pénible, c’était les réunions en ligne.» C’est pour elle un grand soulagemen­t que les équipes aient tenu le choc. «On se réjouit énormément de voir le résultat final, et surtout le sourire des enfants pour qui nous nous engageons depuis si longtemps. L’émotion sera d’autant plus forte au sortir de la crise sanitaire.»

Comme bien d’autres, les activités scoutes ont été fortement perturbées ces deux dernières années. Mais elles ont également bénéficié d’un regain d’intérêt: «Le covid a montré que les enfants ont besoin d’être dehors, de jouer, de vivre des amitiés. Nous ne sommes pas l’école, nous leur offrons un espace dans lequel ils peuvent s’épanouir sans exigences.» Le mouvement compte aujourd’hui 50 000 membres, soit 20% de plus qu’il y a dix ans.

Ancien scout répondant au totem d’«Aigle», l’ex-conseiller fédéral valaisan Pascal Couchepin salue de cette renaissanc­e. «Elle témoigne d’une pédagogie du retour à la nature, mais aussi d’une prise de conscience de la responsabi­lité individuel­le basées sur le service. Les scouts sont des gens motivés, qui m’ont toujours laissé une impression solide. Cela ne peut que me réjouir.»

«Les scouts sont des gens motivés, qui m’ont toujours laissé une impression solide. Cela ne peut que me réjouir» PASCAL COUCHEPIN, L’ANCIEN CONSEILLER FÉDÉRAL ET EX-SCOUT RÉPONDANT AU TOTEM D’«AIGLE»

 ?? (BUTTIKON, 21 JUILLET 2008/EDDY RISCH/KEYSTONE) ?? Le camp fédéral des scouts suisses a lieu tous les 14 ans. Ici, celui de 2008, dans la plaine de la Linth, dans les cantons de Glaris, Saint-Gall et Schwytz, qui a accueilli 23 000 scouts et 500 hôtes étrangers.
(BUTTIKON, 21 JUILLET 2008/EDDY RISCH/KEYSTONE) Le camp fédéral des scouts suisses a lieu tous les 14 ans. Ici, celui de 2008, dans la plaine de la Linth, dans les cantons de Glaris, Saint-Gall et Schwytz, qui a accueilli 23 000 scouts et 500 hôtes étrangers.

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