A Lausanne, les mille facettes du Groenland
L’exposition «Qanga. Le Groenland au fil du temps» ouvre ses portes ce 13 mai au Palais de Rumine à Lausanne. L’occasion de découvrir l’histoire et les cultures de la plus grande île du monde
Que connaît-on, au juste, du Groenland et des peuples de l’Arctique, hormis les nombreux stéréotypes qui leur sont traditionnellement associés? Confronter notre vision de cette île à sa réalité, bien plus complexe, est l’objectif que s’est donnée la nouvelle exposition présentée au Palais de Rumine. Son nom: Qanga, qui signifie «autrefois» en kalaallisut, la langue des Groenlandais.
Machine à remonter le temps et à questionner le futur, l’exposition débute – après une immersion préliminaire dans les paysages du Groenland qui prennent vie sur deux écrans géants –, par la découverte des plus anciennes roches de l’île (3,8 milliards d’années au compteur) et des fossiles d’arthropodes (des animaux dotés d’une carapace, au corps segmenté et aux pattes articulées), dont le nord de l’île comportait de très importants gisements. «Les principaux fossiles témoignant de la sortie de l’eau des animaux pour aller sur la terre ferme, il y a 350 millions d’années, ont été retrouvés au Groenland», explique Olivier Glaizot, conservateur au Musée cantonal de zoologie.
De la vie quotidienne à la spiritualité
La faune de l’île (et ses capacités extraordinaires d’adaptation) laisse ensuite la place à ses populations humaines. Les premiers chasseurs-pêcheurs ayant immigré du Canada actuel il y a 4500 ans ouvrent le bal, pour ensuite se pencher sur la culture inuite, l’arrivée des Vikings – qui ont habité au Groenland entre le Xe et le XVe siècle –, et la colonisation des premiers missionnaires danois.
Vêtements, objets utilitaires, restes d’armures, amulettes et masques servant aux rituels chamaniques… Des centaines d’objets issus de collections danoises et suisses et datant pour certains d’il y a 2000 ans, permettent de se plonger non seulement dans le quotidien de ceux ayant peuplé l’île au cours de son histoire, mais aussi dans leur spiritualité et valeurs les plus sacrées.
«Pour les Inuits, les objets avaient une âme, appelée inua, décrit Sabine Utz, conservatrice en chef du Musée cantonal d’archéologie et d’histoire. En se parant d’amulettes, c’est également l’âme des animaux représentés que les Inuits portaient sur eux, comme une forme de protection.»
«Pour les Inuits, les objets avaient une âme, appelée «inua» SABINE UTZ, CONSERVATRICE EN CHEF DU MUSÉE CANTONAL D’ARCHÉOLOGIE ET D’HISTOIRE
La dernière partie de l’exposition est, quant à elle, consacrée aux enjeux touchant l’île, de la fin du XIXe siècle jusqu’à la fin du XXIe siècle. Les différentes explorations scientifiques, y compris celles dirigées par le suisse Alfred de Quervain entre 1909 et 1912, ainsi que les recherches conduites actuellement par l’Université de Lausanne y sont présentées, tout comme les conséquences, possiblement désastreuses, du réchauffement climatique.
Tel un fil rouge, le visiteur pourra également admirer les planches originales, réalisées à l’aquarelle, des quatre bandes dessinées de l’artiste groenlandais Konrad Nuka Godtfredsen (The First Step, The Ermine, The Gift et The Scar). Ces nouvelles graphiques, dont certaines ont été conçues en collaboration étroite avec des archéologues, content les périples des premiers chasseurs, la rencontre d’un jeune garçon inuit avec les colons danois ou encore le voyage initiatique d’une jeune chamane. Tout simplement fascinant.
■ exposition au Palais de Rumine, Lausanne. Du 13 mai 2022 au 29 janvier 2023. Renseignements sur www. palaisderumine.ch/expositions/qanga/