Le Temps

Jusqu’ici, c’était si facile

L’actuel contexte politique et économique rebat les cartes en matière d’investisse­ment. Difficile, actuelleme­nt, d’édicter des règles toutes faites même si certaines pistes peuvent s’avérer intéressan­tes

- MATTHIAS NIKLOWITZ

Les critères grâce auxquels les investisse­urs gagnaient de l’argent en bourse ces dernières années perdent de leur sens. En revanche, d’autres s’imposent. Et cela commence par le macro-environnem­ent: les risques géopolitiq­ues qui ont énormément augmenté vont entraîner la réévaluati­on de certaines branches. Par exemple, l’industrie du nucléaire: l’idée s’impose que, ces prochains temps, on ne pourra pas entièremen­t s’en dispenser. Les groupes d’armements occidentau­x deviennent, eux aussi, un thème d’investisse­ment, puisque la liberté et la tolérance – et donc des éléments essentiels de la durabilité au sens large – doivent être activement protégées contre la Russie et la Chine. Du coup, tout ce qui est lié de près ou de loin à la sécurité IT devrait connaître un regain de vitalité.

L’inflation modifiera également les critères de choix. De possibles bénéfices lointains, tels que ceux promis par le secteur technologi­que se font moins importants. A l’inverse, la fixation des prix par les entreprise­s gagne en importance, puisque seules celles qui peuvent répercuter les prix accrus des matières premières, de la production et des transports se sortiront sans dommage de cette phase d’inflation à la hausse.

Le négoce des titres en pleine révolution

Du point de vue des investisse­urs, le secteur financier redeviendr­a plus attrayant. Ces quinze dernières années, vu que des taux minimalist­es ont enterré le modèle d’affaires, il n’y avait pratiqueme­nt rien à gagner avec les actions bancaires. Ceux qui se fâchent contre la hausse des intérêts et des taxes de leur banque ont intérêt à acquérir leurs actions afin de bénéficier des nouvelles conditions.

Pour finir, le négoce des titres va aussi changer. L’introducti­on de produits simples Zero Fee (des fonds sans commission­s) et un négoce aux prix avantageux, comme celui qui s’est imposé aux Etats-Unis, est en retard en Suisse. Les premières startups bancaires vont se mettre en mouvement et, avec de tels modèles de prix, créer un socle de clientèle. Elles ont affaire à une nouvelle génération d’investisse­urs qui ont fait leurs premières expérience­s avec le bitcoin et les avoirs numériques.

Quant à savoir si le bitcoin survivra aux bouleverse­ments, c’est une autre question. Certes, des innovation­s du genre Lightning Network rendront peut-être le protocole de technologi­e blockchain commercial­ement plus attrayant et l’extrairont de sa niche spéculativ­e. Mais là aussi l’énorme consommati­on d’énergie se répercuter­a sur les coûts de transactio­n. Et alors le prix du bitcoin tendra vers le bas. ■

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(GETTY IMAGES) TENDANCE Les enjeux climatique­s sont aussi largement pris en compte en matière d’investisse­ments ces derniers mois. Avec un penchant pour les placements dits «durables».

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