Outre-Sarine aussi, la SRF énerve la droite
Du côté suisse alémanique, une trentaine de plaignants lancent ce mardi une action contre l’émission de débat «Arena»
Le débat sur le positionnement politique du service public est de retour en Suisse alémanique également. Outre-Sarine, c’est l’émission de débat «Arena» qui agace particulièrement. Très regardée, celle-ci fait de nouveau l’objet d’une plainte ce mardi concernant une émission de mars dernier en compagnie du conseiller national Thomas Aeschi (UDC/ZG). Une interaction qui a déjà fait couler beaucoup d’encre dans les médias germanophones. Retour sur une valse en trois temps.
«Raciste»
Le premier épisode intervient le 18 mars 2022: Arena réunit les représentants des partis pour évoquer la guerre en Ukraine. A cette occasion, le présentateur Sandro Brotz revient sur les propos tenus un jour plus tôt par le conseiller national Thomas Aeschi, chef de groupe UDC, qui avait évoqué sa crainte que «des Nigériens ou des Irakiens munis de passeports ukrainiens violent des Ukrainiennes de 18 ans».
Une affirmation «raciste», lâche le journaliste en direct. La Commission fédérale contre le racisme lui donnera par la suite raison, mais l’UDC prend la mouche. Le parti dénonce une modération «non objective» «inacceptable de la part du service public» et annonce qu’il ne participera plus à l’émission.
Le 14 avril, à la suite d’une «discussion avec la direction de la SSR», le parti annonce toutefois son retour sur le plateau. A deux conditions: «que la chaîne mette moins l’accent sur la mise en scène personnelle et davantage sur le recul journalistique» et que «l’orientation politique de gauche de nombreux collaborateurs de la SSR ne se répercute pas via une couverture médiatique unilatérale». Quelques jours plus tard, le 26 avril, l’organe de médiation de la SRF rend son jugement: «Pas de violation de l’objectivité.» Le dossier semble clos.
Retour à la normale
Il ne l’est pas. Ce mardi, nouveau rebond: Emrah Erken, avocat zurichois épaulé de 27 autres signataires anonymes («de tous horizons», assuret-il sans vouloir fournir davantage de détails) dépose plainte contre l’émission du 18 mars. Toujours auprès de l’AIEP. «Le jugement de l’organe de médiation est faux», considère l’avocat, qui dénonce la posture de «tribunal médiatique» adoptée par Sandro Brotz. Plus particulièrement l’«invocation d’experts anonymes» sur l’aspect raciste du discours du politicien. Ce qui violerait selon lui «le principe de transparence journalistique».
«Je ne fais pas ça pour soutenir l’UDC, précise Emrah Erken. Je ne suis qu’un privé pour qui le contenu objectif compte.» Nul doute que l’AIEP se penchera avec attention sur son dossier. ■