«L’électronique fait avancer la société»
Pour Antonio Davila, chercheur à la Haute Ecole commerciale de Lausanne, les nouvelles technologies offrent des opportunités incroyables aux entreprises, à condition qu’elles sachent s’adapter
Quand j’étais enfant, je rêvais de…
Créer et concevoir des produits qui changeraient notre façon de vivre. Tout comme mes enfants aujourd’hui, j’aimais construire des choses. Je suis né en 1966 et quand les premiers ordinateurs sont arrivés, j’étais fasciné. J’ai fini par étudier l’ingénierie des télécommunications à Barcelone avec l’idée d’utiliser l’électronique pour faire avancer la société. J’ai vraiment aimé l’université et j’ai utilisé une grande partie de tout ce que j’y ai appris. Les mathématiques m’ont été très utiles pendant mon doctorat.
Finalement, je suis devenu…
Professeur d’université spécialisé dans l’innovation, l’entrepreneuriat et les systèmes de contrôle. Je fais des recherches sur la manière de gérer et d’organiser les processus qui façonneront le futur de notre société. Ce n’était pas mon plan: j’ai toujours pensé que je travaillerais pour une entreprise. Mais j’ai changé d’avis pendant mon master. Puis je suis allé à Harvard, à Stanford, et encore à Harvard pour enseigner avant de revenir à l’Université de Lausanne. Etre professeur est un travail formidable. Il vous donne beaucoup de liberté, vous permet de travailler avec les meilleurs chercheurs du monde, tout en ayant des contacts avec les générations futures.
Concrètement, cela consiste en quoi?
D’abord, j’enseigne l’entrepreneuriat, l’innovation, le contrôle et la gestion du sport. Ensuite, je fais des recherches sur la manière de concevoir des organisations capables de gérer la complexité de leur environnement et de tirer parti des opportunités qui se présentent. Dit comme ça, c’est très abstrait… Par exemple, dans ma dernière publication, nous avons visionné les présentations de 154 entrepreneurs et montré que plus ils sont expansifs physiquement lors de leur pitch, plus ils obtiennent de financement. Mais en contrepartie, ils commettent plus d’erreurs de prévision et leurs entreprises ont des taux de survie plus faibles.
Pourquoi mon travail est-il d’actualité?
Mon principal projet, intitulé «Landscape Monitor», porte sur la conception de systèmes, de processus et de cultures de gestion qui aident les organisations à s’adapter à des marchés et des sociétés complexes. Le fait que plus de 2 milliards de personnes, principalement en Asie, ont rejoint l’économie de marché, signifie que les sociétés sont plus dynamiques et que de nombreuses opportunités s’ouvrent. Les organisations qui veulent s’en tenir au statu quo prennent des risques importants et se font déloger par des concurrents plus agiles.
Mon meilleur souvenir de chercheur…
J’en ai plein! Mais surtout, j’aime voir la progression de mes anciens élèves. Et enfin, le sentiment d’accomplissement lorsque le travail est publié, que ce soit sous la forme d’un article de recherche ou d’un livre. Quelle surprise de voir que l’un de mes ouvrages s’est vendu à 40000 exemplaires…
Et mon pire?
La recherche a beaucoup de hauts et de bas… Une fois, un de mes articles a été modifié cinq fois par une revue, ce qui m’a demandé beaucoup de travail, et ils ne l’ont jamais publié. Une autre fois, l’une de mes anciennes doctorantes n’a pas obtenu la promotion qu’elle méritait. Cela fait vraiment mal de voir que les décisions ne sont pas toujours aussi justes qu’elles devraient l’être.