Accord-cadre: autopsie d’un fiasco du Conseil fédéral
En une cinquantaine de pages rigoureusement ciselées, René Schwok porte à la connaissance du grand public tous les éléments permettant de comprendre les termes de l’accord-cadre négocié entre Berne et Bruxelles sur près de dix ans et ce qui a amené à son échec final il y a tout juste un an. L’ouvrage* pourrait passer pour un réquisitoire. Il n’est pourtant qu’un état des lieux factuel. Et il est cruel pour le Conseil fédéral. Reprenant point par point les termes de l’accord et les raisons du rejet final des sept conseillers fédéraux, on mesure, avec le recul, l’ampleur du gâchis. Car c’en est un. Le professeur de l’Université de Genève liste les demandes suisses, les propositions européennes, puis les concessions de Bruxelles pour aboutir à un constat où prédomine l’incompréhension. Les négociateurs suisses avaient obtenu un accord sur mesure. Les Européens avaient concédé un swiss finish, comme disent les Suisses alémaniques, accordé à aucun autre Etat partenaire de l’UE. Car la Suisse pèse économiquement et rassure politiquement. Alors? Les sept Sages ont préféré saborder l’ouvrage sans jamais avoir cherché à en défendre les conclusions. Ils l’ont fait en parfaite connaissance des conséquences pour la relation bilatérale. Comment l’expliquer? René Schwok avance l’hypothèse de la faiblesse des partis et de leurs représentants au gouvernement. En cause, le PS et le PLR paralysés par la peur de la perte de leur deuxième siège au Conseil fédéral. L’explication est convaincante. Il faut y ajouter l’arrogance d’une Suisse qui se considère, à gauche comme à droite, comme supérieure à ses voisins. Seul parti à profiter de ce fiasco: l’UDC. Les anti-européens ont leur champion. Les pro-européens devront lorgner hors des partis gouvernementaux s’ils veulent faire entendre leur voix. Verdict aux prochaines élections fédérales.
* René Schwok, Accord institutionnel: retour sur un échec.
A télécharger gratuitement sur le site de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe