L’«helicopter money» numérique au secours de la Chine
Et si la Chine relançait son économie grâce aux cryptomonnaies? Pas n’importe quelle crypto, bien sûr. Certainement pas les explosives créatures technico-financières qui font rêver de fortunes rapides sur les réseaux sociaux. De plus en plus d’observateurs imaginent que Pékin pourrait utiliser son yuan numérique pour distribuer du pouvoir d’achat aux individus pénalisés par la pandémie et les confinements, imposés à Shanghai notamment. Cette variante numérique de l’helicopter money aurait plus d’un avantage pour le gouvernement chinois.
L’activité continue à ralentir en Chine, sous l’effet des difficultés du marché immobilier et du covid. Pékin a bien injecté des liquidités dans le système, mais ménages et entreprises semblent réticents à emprunter, faute de confiance en l’avenir. C’est peut-être le moment de soutenir directement le consommateur, mais pas n’importe comment.
La distribution d’argent aux individus a été pratiquée aux Etats-Unis pendant la pandémie, début 2020. Des millions d’Américains ont reçu des chèques du gouvernement. C’est une variante de ce qu’on appelle l’helicopter money. S’il avait été crucial pour les plus précarisés, cet argent avait en partie été utilisé pour boursicoter, notamment sur les cryptos ou des petites valeurs en vogue sur les forums de discussion à l’époque – cela a notamment donné l’épisode GameStop. Certains morts ont même dû rembourser. Avec un chèque, impossible en effet de contrôler comment l’argent est dépensé.
Donner, mais aussi contrôler
Mais avec de la monnaie numérique, les possibilités sont immenses. Voici comment l’opération pourrait se dérouler. Le gouvernement central commencerait par envoyer des yuans numériques sur les portefeuilles électroniques de ses citoyens. Mais des limites seraient fixées concernant l’utilisation de ces fonds. Par exemple pour qu’ils ne permettent d’acheter que des biens de première nécessité, comme la nourriture. Ou qu’ils ne puissent être dépensés que dans certains magasins. Cela empêcherait de les utiliser pour spéculer. Une date limite de consommation pourrait être déterminée, afin d’éviter que cet argent soit épargné et donc retiré du circuit économique. Enfin, le gouvernement saurait exactement qui a fait quoi avec cette subvention.
Des limites peuvent être fixées sur l’utilisation de ces fonds. Par exemple pour qu’ils ne permettent d’acheter que des biens de première nécessité
On se dit que la capacité de contrôle qu’offre une monnaie numérique pourrait intéresser Pékin. D’autant plus que la Chine est en avance dans le domaine des CBDC, les monnaies numériques de banque centrale. Des programmes de tests ont été lancés dès 2017 dans une dizaine de grandes villes dont Shanghai et Shenzhen.
On pourrait même imaginer que le pays paie des vacances à ses citoyens via ce système de yuan numérique. En langage moins politiquement correct, cela signifierait que Pékin dédommagerait ses ressortissants pour leur avoir interdit de quitter leur appartement pendant un mois. Avec même, peut-être, une somme supplémentaire pour réparer la porte de leur appartement qui avait été soudée par les autorités, par précaution.
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