Les caisses de prévoyance face à un tsunami financier
En 2021, un fonds de prévoyance investi en actions à hauteur de 25% de ses actifs affichait un rendement de 5,5% alors qu’un fonds exposé à 60% gagnait près de 16% (en prenant les indices Pictet LPP 25 et 60 comme référence). Vue la forte chute des marchés actions cette année, les fonds de prévoyance plus défensifs – c’est-à-dire ceux qui ont fait le choix d’avoir peu d’actifs risqués – devraient mieux performer. Or les deux indices Pictet LPP 25 et 60 affichent la même performance depuis le début de l’année, soit environ -8%. Pour les fonds de prévoyance, les conditions parfaites d’un tsunami financier sont réunies: actions ou obligations, tout baisse en même temps. Les obligations n’ont donc pas joué cette année leur rôle habituel de protection face à la baisse du cours des actions.
En cause? L’inflation, qui a forcé les banques centrales à remonter leur taux entraînant mécaniquement une baisse du prix des obligations. Pour les fonds de prévoyance, la situation est d’autant plus complexe que leur passif pourrait aussi augmenter sous la pression d’une plus forte inflation.
Long horizon temps
Dans cet environnement relativement exceptionnel, le facteur temps joue en faveur des institutions de prévoyance. En effet, à court terme, les caisses de prévoyance suffisamment capitalisées n’ont pas le besoin de vendre à tout prix, et à moyen terme, elles devraient bénéficier d’une performance positive des actions.
Côté obligation, la hausse des intérêts à long terme (obligations de dix ans et plus) n’est peut-être pas terminée mais elle marque une normalisation des marchés financiers, caractérisée par des taux d’intérêt à long terme enfin positifs, et devrait également permettre d’accorder aux obligations un rôle diversifiant plus probant dans le futur.
Par ailleurs, les caisses de prévoyance disposent d’une large palette d’investissements dont elles peuvent tirer avantage pour se protéger contre l’inflation, et qui ne sont pas nécessairement accessibles à tout investisseur. L’immobilier, par exemple, a historiquement démontré une certaine résilience dans des cycles inflationnistes, les loyers augmentant avec l’indice des prix.
Electricité et péages routiers
La modification des directives de placement OPP 2 en 2020 permet aussi aux caisses de prévoyance d’augmenter leurs investissements dans les infrastructures; une classe d’actifs dont les flux sont souvent liés à l’inflation, tel que le prix de l’électricité ou des péages autoroutiers.
Si l’année 2022 pourrait être décevante pour le rendement des caisses de prévoyance, leur vision à long terme reste un atout majeur pour éviter de prendre de mauvaises décisions à court terme et continuer à investir là où d’autres investisseurs ne le peuvent pas: conserver un investissement pendant dix ans ou plus n’est pas à la portée de tout le monde.
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