Novartis ne quittera pas la Suisse
PHARMA La multinationale bâloise de l’industrie pharmaceutique planche sur sa restructuration dont elle avait parlé début avril. Plusieurs milliers d’emplois sont en jeu dans une vingtaine de pays. L’impact sur la Suisse sera minime, rassure son directeur, Vasant Narasimhan
Novartis n’a pas le moindre plan pour désinvestir en Suisse, et la multinationale bâloise tient à étouffer les rumeurs qui circuleraient à ce propos. «Nous avons une longue histoire en Suisse, insiste son directeur, Vasant Narasimhan, interrogé par Le Temps. Il s’agit bien d’une entreprise suisse et nous comptons qu’il en soit ainsi pour au moins un siècle encore.»
Il n’empêche. Le groupe poursuit sa réorganisation et son repositionnement stratégique, qui ont démarré il y a plusieurs mois. Une nouvelle équipe dirigeante se met en place autour du directeur et le processus sera terminé dans quelques mois. Dans ce contexte, des licenciements seront inévitables. «A présent, nous comptons 105 000 collaborateurs dans 50 unités de production situées dans 20 pays, poursuit Vasant Narasimhan. Le nouveau modèle opérationnel aura un impact sur le personnel. Il sera de l’ordre de quelques milliers, mais cela ne se montera pas à cinq chiffres.» Et d’ajouter: «En ce qui concerne la Suisse, le nombre sera relativement minime par rapport à l’impact global.»
Six sites en Suisse
Outre son siège et son campus (direction, recherche & développement et production) dans la cité rhénane, Novartis compte cinq autres sites en Suisse: Genève, Fribourg, Locarno, Stein et Muttenz (Schweizerhalle). A son arrivée à la tête de l’entreprise en 2018, Vasant Narasimhan avait déjà procédé à une restructuration. Le nombre de collaborateurs, alors à 13 000, devait passer à environ 10 000.
Il faut dire que Vasant Narasimhan caresse de grandes ambitions pour le groupe qu’il dirige. Celui-ci est déjà numéro un de l’industrie pharmaceutique en Europe et troisième au Japon. Mais aux Etats-Unis, qui constituent le premier marché mondial des médicaments, il est loin derrière. Le changement de stratégie du groupe, qui veut s’y placer dans les cinq premiers, passe par la cession de certaines entités, des acquisitions et le renforcement dans certaines branches médicales. Les priorités tournent autour de la médecine personnalisée, la biomédecine ainsi que sur les traitements du cancer et des maladies tropicales.
Par ailleurs, le groupe se félicite de sa collaboration avec Moderna et Pfizer dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Ses installations à Stein ont servi à l’activité «Fill & Finish» des vaccins, c’est-à-dire le remplissage de la potion dans des fioles. De telles collaborations pourraient se poursuivre.
Novartis travaille actuellement sur six médicaments qui, selon la direction, pourraient devenir des blockbusters (à grand potentiel commercial). En matière d’acquisitions, quelque 25 chantiers sont ouverts ou sont en vue. En Suisse même, la direction s’est donné jusqu’à la fin de l’année pour décider du sort de Sandoz, son activité de médicaments génériques. Les investisseurs approuvent la démarche globale de l’entreprise. Depuis le début de l’année, son action a gagné près de 7,5% à la bourse suisse alors que le secteur recule (-2,5%) dans un marché en baisse de 10%.
Une épine dans le pied de Novartis
Il reste néanmoins une épine dans le pied de Novartis. La Grèce est revenue à la charge le 13 mai dernier sur des accusations de corruption et a fait savoir qu’elle allait lui demander des indemnisations à hauteur de plusieurs millions de dollars. «Le géant pharmaceutique suisse est soupçonné d’avoir écoulé ses médicaments à des prix exagérément élevés», a indiqué le ministre grec de la Santé, Thanos Plevris. Athènes s’appuie sur une condamnation aux Etats-Unis sur le même chef d’accusation. Selon le Département américain de la justice, une filiale grecque de Novartis a reconnu le versement de potsde-vin entre 2006 et 2015 à des agents d’hôpitaux publics pour doper ses ventes.
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