Nouveau rebondissement dans l’affaire McKinsey
Trois juges d’instruction indépendants ont ouvert une enquête judiciaire pour «favoritisme» et pour «financement illégal» de la première campagne présidentielle d’Emmanuel Macron
L’affaire McKinsey aura fait bien plus que déranger Emmanuel Macron en pleine campagne de réélection. Elle semble même devoir durer, voire prendre de l’ampleur. Le Parisien a affirmé ce jeudi 24 novembre que trois juges d’instruction français indépendants avaient ouvert ces derniers jours une enquête judiciaire pour «favoritisme» et pour «financement illégal» de la première campagne présidentielle du résident de l’Elysée, celle de 2017. Et ces soupçons reposeraient sur les relations du président et de son entourage avec le cabinet de conseil américain McKinsey, auquel des contrats publics auraient pu être attribués dans des conditions problématiques.
Le Parquet national financier (PNF) a réagi à cette révélation dans la presse en annonçant avoir ouvert en fait deux informations judiciaires fin octobre. L’une sur «les conditions d’intervention de cabinets de conseil dans les campagnes électorales de 2017 et 2022», l’autre sur des soupçons de «favoritisme».
Le nom de McKinsey, déjà visé par une enquête du PNF pour blanchiment aggravé de fraude fiscale, avait été au coeur d’une polémique lancée en pleine campagne présidentielle par un rapport sénatorial sur l’explosion des recours à des cabinets de conseil depuis qu’Emmanuel Macron est président, particulièrement pendant la pandémie de covid. Le document présenté en mars 2022 jugeait ce phénomène «tentaculaire» et problématique quant à l’autonomie de l’Etat dans sa gestion des services publics.
Particulièrement coûteux
Conséquence de ces débats, le Sénat a adopté le mois dernier une proposition de loi visant à mieux encadrer le recours par l’Etat aux cabinets de conseil, proposition de loi qui a fortement déplu aux cabinets en question.
Le cabinet McKinsey était particulièrement montré du doigt car l’Etat y avait fait coûteusement recours et le cabinet n’avait pas payé d’impôts en France pendant ces années. D’où l’ouverture de la première enquête qui est élargie aujourd’hui à la personne du président et à son entourage. Pourquoi? Tout ce que l’on sait pour l’instant, c’est que des révélations de presse avaient montré que des consultants de l’entreprise s’étaient investis dans la première campagne du président et que certains d’entre eux ont rejoint ensuite le parti présidentiel et des cabinets ministériels.
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