Le Temps

L’ex-élu d’Aigle est condamné à 5 ans de prison ferme

La cour reconnaît l’ancien municipal coupable d’escroqueri­e, de faux dans les titres et d’abus de confiance. Elle prononce une lourde peine contre lui

- CÉLINE ZÜND t@celinezund

Le Tribunal correction­nel de l’Est vaudois a reconnu l’ancien municipal d’Aigle coupable et l’a condamné à 5 ans de prison ferme, hier à Vevey. C’est une affaire d’une ampleur inédite, avec 13 lésés (11 personnes physiques et deux sociétés), pour un préjudice total de près de 3 millions de francs.

La cour suit le réquisitoi­re du procureur et retient l’ensemble des chefs d’accusation, parmi lesquels: escroqueri­e par métier, faux dans les titres et abus de confiance. «Vous avez agi par égoïsme, par lucre, vous avez usé de tous les moyens pour abuser de la confiance des victimes qui, toutes, étaient dans une relation proche», a déclaré la présidente du tribunal, Anne-Catherine Page, s’adressant à un homme en pleurs, dont elle estime la culpabilit­é «très lourde». Elle poursuit: «Vous avez choisi vos victimes, que ce soit pour leur état de santé ou pour l’indélicate­sse avérée avec le fisc.» La juge a aussi relevé l’«arrogance» et l’absence de regrets et d’excuses de l’ancien édile.

«Peine massue»

L’affaire avait fait grand bruit, lorsqu’elle a éclaté en 2017. Alors à la tête de plusieurs sociétés fiduciaire­s et comptables, l’ex-socialiste était une personnali­té publique dans la région du Chablais. Il présidait le club de football local et avait été élu à la municipali­té d’Aigle en 2016. Entre 2009 et 2016, il a trompé ses clients principale­ment à l’aide de faux contrats d’assurance vie portant le logo «PAX», une entreprise bien connue, utilisant les sommes soustraite­s pour rembourser des dettes privées ou celles de ses entreprise­s.

«La justice n’est jamais belle quand elle est excessive» LOÏC PAREIN, AVOCAT DE LA DÉFENSE

L’ancien municipal s’est éclipsé immédiatem­ent après la lecture du jugement. Son avocat Loïc Parein a dit vouloir attendre les motivation­s écrites du verdict, avant de décider si son client fera appel. «C’est une peine massue, douze ans après certains faits, après six ans d’instructio­n et dans un délai de 23 heures de réflexion. La justice n’est jamais belle quand elle est excessive.»

Le procureur Anton Rüsch, de son côté, relève que «le tribunal a constaté, comme le Ministère public, le déni et l’absence de remords manifestés par l’accusé, justifiant, au regard de la gravité des infraction­s retenues, la peine sévère prononcée». Il ajoute: «Si l’accusé avait reconnu les faits et entrepris toutes les démarches que l’on pouvait attendre de lui pour réduire le dommage aux victimes, ces réquisitio­ns auraient été moins sévères.» ■

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