Comment récupérer 80 000 bitcoins en déshérence
On sait depuis l’invention du bitcoin que si le propriétaire d’un portefeuille électronique perd son code d’accès et n’en a pas fait une copie, il n’a pratiquement aucun moyen de le récupérer. Il ne peut plus accéder à son compte et donc à ses éventuelles cryptomonnaies. Mais Craig Wright pense avoir trouvé le moyen de contourner ce léger problème, pour mettre la main sur l’équivalent de 2,5 milliards de francs en bitcoins.
Il faut dire que cet informaticien australien est sacrément créatif. Depuis des années, il affirme avoir inventé le bitcoin, sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, et n’hésite pas à attaquer en diffamation ceux qui expriment publiquement des doutes (l’un d’eux a eu gain de cause en Norvège en octobre 2022, Wright a fait appel).
Depuis deux ans, il cherche à obliger des développeurs informatiques à lui fournir les clés privées (l’autre nom du code d’accès) de deux portefeuilles électroniques liés à la plateforme d’échange Mt. Gox. Mt. Gox était tombée en faillite après s’être fait hacker à plusieurs reprises entre 2011 et 2014, dans ce qui était le premier hacking d’envergure dans le monde crypto. Après une première décision en sa défaveur en mars 2022, Craig Wright a gagné en appel en fin d’année, si bien qu’un procès devrait se tenir début 2024 pour trancher cette question. L’affaire a été suivie au fil du temps par le site spécialisé Coindesk.
L’Australien devra tout d’abord prouver que les bitcoins en question lui appartiennent. L’enjeu est de taille puisque les deux wallets en question détiennent au total 110 000 bitcoins, soit l’équivalent de 2,5 milliards de francs au cours actuel d’environ 23 400 dollars.
Simple, selon lui: Wright affirme qu’il utilisait ces deux portefeuilles électroniques via sa société de trading et qu’il s’est fait voler ses clés privées par des hackers le 5 février 2000. Les malfaiteurs auraient également effacé les copies des clés privées que l’informaticien dit avoir sauvegardées sur son ordinateur. D’autres anciens clients de Mt. Gox affirment que ces deux wallets détiennent des bitcoins leur appartenant.
Pour récupérer cette imposante fortune en déshérence, Craig Wright veut en substance que les informaticiens qui travaillent sur le réseau du bitcoin modifient le protocole qui fait fonctionner la plus célèbre des cryptomonnaies. Surtout, détaille l’Australien, cette mission relèverait de leur devoir fiduciaire, une notion qui oblige un fournisseur de service (avocat, banquier, etc.) à toujours agir dans l’intérêt de son client.
En résumé, Wright clame qu’en détenant des bitcoins il est client de ces développeurs informatiques et que ces derniers doivent défendre au mieux ses intérêts, en l’occurrence en rétablissant l’accès qu’il prétend avoir eu à ces deux portefeuilles. Beaucoup d’éléments à prouver, donc. Et rien ne dit que l’opération soit techniquement possible.
▅