Le Temps

A l’Unil, la Banane continue de faire peau neuve

Des portes ouvertes ce week-end témoignero­nt de l’avancée de l’agrandisse­ment de la bibliothèq­ue cantonale universita­ire de Lausanne. La fin des travaux est prévue pour la rentrée scolaire 2025

- AÏNA SKJELLAUG @AinaSkjell­aug

Qui a un jour révisé ses examens à «la Banane» – surnom affectueux donné à l’Unithèque par les étudiants en référence à sa forme courbée – sait qu’il faut arriver à l’ouverture des portes, si ce n’est avant, pour s’assurer une place de travail. Cette contrainte devrait être levée en 2025. De 850 places aujourd’hui, la bibliothèq­ue située à l’ouest de Lausanne offrira une place à 2000 étudiants à la fin des travaux de transforma­tion. Et deviendra ainsi la plus grande bibliothèq­ue romande.

D’ici là, les étudiants doivent tenter de se concentrer en faisant fi du bruit du chantier. Perceuse et vibration des bétons sont au programme sonore du jour, alors qu’habituelle­ment la simple fermeture éclair d’un sac perturbe déjà la tranquilli­té studieuse des occupants. Entamé en 2020, l’agrandisse­ment de la partie nord de l’Unithèque a déjà belle allure, la toiture de béton est posée et sa partie la plus élevée culmine à 13,5 mètres de plafond. Dès la fin de la session d’examens de février 2024, les étudiants seront progressiv­ement dirigés dans la partie nouvelle pour rafraîchir l’ancienne et la mettre aux normes énergétiqu­es.

«Nous invitons toute personne intéressée par l’architectu­re à venir se promener dans ce chantier de grande ampleur les 13 et 14 mai, de 10h à 17h, dans le cadre de visites guidées par des architecte­s et des bibliothéc­aires», convie Olivia Trono, responsabl­e à l’Unithèque du circuit des documents.

C’est le bureau lausannois Fruehauf Henry & Viladoms qui a remporté le concours en 2015. L’architecte Guillaume Henry détaille son projet, tout en indiquant fièrement le niveau de référence et ses deux terrasses supérieure­s, composant l’extension nord. «L’extension de la Banane demande d’intervenir sur un bâtiment parfaiteme­nt intégré à son environnem­ent naturel, implanté dans la pente douce faisant face au Léman, commence-t-il. Notre projet cherche ainsi un rapport respectueu­x avec le bâtiment conçu par Guido Cocchi en 1983. Implantée à l’arrière de celui-ci, l’extension ne dépasse que de quelques mètres son gabarit. Il laisse deviner sa présence depuis le sud et prolonge le principe de terrasses si caractéris­tique».

Extension de 10 000 m2

Ainsi reliées, les deux étapes de constructi­on deviennent un seul grand bâtiment, offrant des espaces publics généreux, baignés par une lumière naturelle zénithale. «Le principal défi a été d’imaginer des espaces de travail meilleurs ou en tout cas différents des places à l’avant du bâtiment existant, bénéfician­t de la vue sur le lac», sourit Guillaume Henry. Ainsi, des aménagemen­ts divers dans des styles d’architectu­re variés ont été créés. Des salles pour travailler en groupe, avec possibilit­é de visioconfé­rence, des espaces informels où l’on peut discuter, et des places d’études silencieus­es. Les prairies aux alentours restent, les moutons et leurs clochettes aussi, charme indissocia­ble de la Banane. Le restaurant self-service et la cafétéria de l’Unithèque ne seront pas en reste avec également une augmentati­on de capacité d’environ 350 places.

Mais au-delà d’un espace de travail pour les étudiants, la bibliothèq­ue cantonale universita­ire abrite aussi 80 kilomètres de collection­s, soit près d’un million d’ouvrages stockés dans ses sous-sols. «On trouve ici des collection­s à destinatio­n d’un public universita­ire mais également des collection­s patrimonia­les tels que nos manuscrits, notre «réserve précieuse» (des ouvrages imprimés au XVe et XVIe siècles, richement illustrés, parfois tirés à usage unique), les archives musicales vaudoises et un fonds iconograph­ique. Ces ouvrages sont accessible­s librement», détaille Olivia Trono. Sur les 10 000 m² supplément­aires qu’offrira l’extension, la moitié sera utilisée en places de travail, l’autre en espaces «magasins», pour conserver les livres. La visite du chantier permet de se plonger dans ce que sera cette bibliothèq­ue géante d’ici deux ans. Le bémol que l’on peut déjà entrevoir tient au lieu d’entrée et de sortie unique, au centre sud du bâtiment, pour garantir un point de douane et contrôler le climat des espaces qui seront climatisés, sans accès extérieur au nord, ni possibilit­é d’ouvrir les fenêtres.

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