Renvois «musclés»: pourquoi notre société permet-elle de telles exactions?

Une famille d’Afghanistan (parents et trois enfants scolarisés) vivait à l’Auberson depuis quelques mois, avec la crainte d’être renvoyée en Croatie (selon les accords de Dublin).

Mardi 2 mai, vers 3h du matin, les représentants des forces de l’ordre ont pénétré dans les locaux pour les arrêter et les transférer à Kloten pour un «vol spécial». La famille s’est défendue, s’est opposée fermement à ce transfert, le père a été casqué et menotté. Le gérant est intervenu mais sans succès, d’autres résidents ont manifesté également contre cette manière de faire… La famille n’a pas pu résister et a été embarquée dans des véhicules vers 5h30.

Il faut le savoir:

– La Suisse a le droit (nous l’avons hélas voté) de renvoyer les migrants dans le pays européen qu’ils ont traversé en premier (accords de Dublin), et la Croatie (comme la Grèce) est connue pour maltraiter les réfugiés.

– Un «vol spécial» pour quelques requérants menottés, attachés sur des brancards et langés (ainsi les éventuels besoins ne dérangent pas l’équipe des accompagnants) coûte à la Suisse des dizaines de milliers de francs.

Les faits sont rapportés par Le Temps du 6 mai 2023 (page 8, sur 3 colonnes), qui ajoute que la police ne peut pas exclure qu’un enfant n’ait pas été blessé; après négociations et un examen médical, les policiers ont séparé la famille….

Tout le monde est malheureux – probablement les agents de police aussi – qu’on agisse avec des innocents (leur seule faute: souffrir au mauvais endroit) comme s’ils étaient des criminels.

Je m’inquiète aussi du confrère médecin. Peut-être va-t-il lire mon article et prendre contact avec moi pour que nous parlions d’éthique, de nos devoirs de médecin, des serments d’Hippocrate du IVe siècle avant Jésus-Christ et celui de Genève de 1948, qui nous lient.

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