Le Temps

Les femmes de droite plus réticentes à se mettre sur les listes

Il est souvent reproché aux partis de droite ne pas présenter des listes paritaires. Dans les faits, il ne s’agit pas forcément d’un manque de volonté de leur part, mais de la difficulté à convaincre les femmes de se porter candidates

- FANNY NOGHERO @FNoghero

C’est un fait, en politique les partis de centre droite et de droite peinent bien plus à recruter des femmes et établir des listes paritaires que leurs homologues situés sur la gauche de l’échiquier. A l’heure actuelle, il ne s’agit en aucun cas d’un manque de volonté de leur part, mais bien d’une réticence encore marquée des femmes à briguer des mandats.

«J’ai passé des heures au téléphone pour convaincre des femmes de se mettre en liste pour les élections fédérales. Nous souhaition­s des listes paritaires, mais nous n’y sommes pas parvenus», déplore Florence Bettschart-Narbel, présidente du PLR Vaud et qui participe au processus de recrutemen­t depuis de nombreuses années. «Nous disposons d’un répertoire important de candidates potentiell­es qui sont compétente­s et seraient tout à fait capables d’assumer des mandats électifs, mais souvent il y a une volonté de leur part de ne pas cumuler les casquettes, en plus de leur vie profession­nelle et familiale. Elles craignent de ne pas parvenir à tout gérer.»

Pascal Eschmann, président du Centre au Jura a eu plus de chance, puisque ce sont trois femmes et un homme qui figurent sur la liste principale du parti pour l’élection au Conseil national du 22 octobre prochain. Mais comme il le reconnaît, il s’agit d’un concours de circonstan­ces, couplé à un travail de plus longue haleine.

«Cela n’a évidemment pas toujours été aussi simple de trouver des candidatur­es féminines. Il y a encore peu, lorsque je suis arrivé à la présidence il y a cinq ans, il était très difficile d’intéresser les femmes à la politique et de les convaincre d’accepter des charges supplément­aires en plus de leurs engagement­s profession­nels et familiaux.»

Pari sur la jeunesse

Le Centre jurassien a parié sur la jeunesse, en créant des listes jeunes, et en les intégrant autant que faire se peut dans les instances du parti afin de les familiaris­er le plus tôt possible à la politique. Une stratégie qui a porté ses fruits puisque l’âge moyen de la députation a rajeuni d’une dizaine d’années et qu’elle s’est féminisée. «Grâce à cette nouvelle dynamique, il est plus facile pour nous de trouver des jeunes femmes disposées à s’engager et figurer sur des listes.»

Florence Bettschart-Narbel relève encore que le côté perfection­niste des femmes et cette nécessité de devoir cocher toutes les cases les freinent au moment de franchir le pas pour se porter candidates. «Encore plus que les hommes, elles veulent pouvoir être présentes sur la campagne.» Elle cite l’exemple d’une jeune femme qu’elle est parvenue à convaincre alors que la seule chose qui la retenait était le fait qu’elle travaille le samedi et qu’elle ne pourrait pas être sur les stands avec ses colistiers. «Mais une fois qu’elles sont élues, elles prennent le pli et ne se posent plus trop de questions sur l’organisati­on. Les choses se mettent en place d’elles-mêmes. »

Et la présidente libérale-radicale de conclure: «Il y a peut-être encore une sorte de petit atavisme dans la génération des quinquagén­aires de se dire que la politique ce n’est pas pour nous, les femmes. Sans que cela ne soit vraiment conscient. Nous sommes une génération de transition et je suis persuadée que dans dix ans ce ne sera plus une question.»

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