Le choix de Messi
On le dit en partance du PSG, ce qui n’est peut-être pas certain. On l’envoie en Arabie saoudite, ce qui n’est pas fait. On le rêve en Argentine, on se cotise pour l’attirer aux Etats-Unis. Même critiqué, l’Argentin a l’embarras du choix. Et le temps pour
Après avoir roulé pour le Qatar, sous le maillot du PSG et lors de la dernière Coupe du monde décrochée sur le sol de l’émirat, Lionel Messi (35 ans) va-t-il céder aux sirènes de l’Arabie saoudite cet été? Cette semaine, l’AFP annonçait qu’un accord était bouclé entre les deux parties, selon des sources saoudiennes. Si une offre pharaonique (de l’ordre de 400 millions d’euros par an) a bel et bien été soumise courant mars à la star argentine, celle-ci n’a pas donné son aval pour rejoindre Al-Hilal, l’un des principaux clubs du royaume wahhabite.
Lionel Messi ne prendra en effet aucune décision quant à son avenir d’ici à la fin du Championnat de France et le dernier match du PSG face à Clermont, le 3 juin. Son père (et agent) Jorge l’a martelé ce mardi sur son compte Instagram tandis que la rumeur saoudienne enflait: «Il n’y a absolument rien avec aucun club pour l’année prochaine. Une fois la saison terminée, il sera temps d’analyser ce qui se passe, puis de prendre une décision (…). Nous pouvons assurer qu’il n’y a d’accord avec personne, ni verbal, ni signé, ni convenu.» Son fils n’a en effet aucune raison de se précipiter dans son choix, alors qu’il sera libre de s’engager où il le souhaite dans un mois et que l’offre saoudienne sera encore sur la table à ce moment-là. Les hautes sphères de la puissance pétrolière rêvent de relancer le duel entre Lionel Messi et Cristiano Ronaldo (qui évolue à Al-Nassr) pour imposer le championnat local sur la carte du monde.
Le Barça ne renonce pas
Pour tenter de séduire le champion du monde 2022, les Saoudiens projettent de convaincre également quelques-uns de ses anciens coéquipiers barcelonais (Sergio Busquets, Jordi Alba) et argentins (Angel Di Maria, Leandro Paredes). En marge du contrat hors norme qui lui est proposé avec Al-Hilal, la «Puce» continuerait d’endosser son luxueux costume d’ambassadeur du tourisme en Arabie saoudite, pour lequel il a effectué l’aller-retour express qui lui a valu une sanction de la part du PSG (finalement réduite après ses excuses publiques).
Lionel Messi garde cette option sous le coude, mais sa priorité reste d’évoluer en Europe au moins une saison supplémentaire. A la fois pour essayer de conquérir une cinquième Ligue des champions, qu’il n’a plus remportée depuis 2015, mais aussi car il souhaite étirer le plus possible sa carrière au sein de l’élite, notamment pour préparer la Copa América 2024, qui se déroulera dans un peu plus d’un an aux Etats-Unis. Le Championnat nord-américain, la Major League Soccer (MLS), et en particulier l’Inter Miami de David Beckham, lui font les yeux doux depuis plusieurs mois. Habitué à se rendre en Floride avec sa famille durant l’intersaison, le numéro 10 de l’Albiceleste se verrait bien évoluer un jour en MLS, mais pas dans l’immédiat. Peutêtre d’ici à la Coupe du monde 2026, qui se jouera en Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada et Mexique), et sur laquelle il n’a pas totalement fait une croix, même s’il aura alors 39 ans.
En proie à d’importantes difficultés économiques et contraint de diminuer sa masse salariale de 200 millions d’euros, le Barça n’a pas renoncé à son retour. Xavi multiplie les appels du pied médiatique auprès de son ancien coéquipier (ils ont évolué côte à côte 11 saisons durant) et lui écrit régulièrement pour le convaincre de rempiler en Catalogne. Joan Laporta, le président blaugrana, entretient aussi publiquement l’espoir d’un come-back qui effacerait en partie le départ brutal de la légende pour Paris il y a deux ans, qui lui est imputé par certains socios. Arrivé à l’âge de 13 ans à Barcelone, Lionel Messi s’y sent comme chez lui. Il a conservé sa villa sur les hauteurs de Castelldefels, dans la banlieue barcelonaise, où il est revenu avec sa famille chaque fois qu’il en a eu l’occasion depuis l’été 2021, et n’a jamais totalement digéré la façon dont son aventure catalane s’est achevée.
L’Argentine l’aime trop
Pour rejouer au Barça, Lionel Messi serait sans doute prêt à de gros efforts financiers mais le règlement de la Liga s’y oppose. Afin d’éviter certaines opérations comptables et de garantir l’équité de la compétition, les joueurs doivent être payés en fonction de leur statut. Si Messi acceptait d’être rémunéré au salaire minimum, celui-ci devrait être fixé par une commission indépendante en fonction d’une dizaine de critères, dont son âge, les trophées individuels ou collectifs qu’il a remportés ces dernières saisons – en club comme en équipe nationale – ou encore le nombre de minutes qu’il a disputées depuis deux ans.
En cas d’impasse, d’autres grands clubs européens pourraient alors s’engouffrer dans la brèche. Si le Bayern Munich n’a
La priorité de l’Argentin reste d’évoluer en Europe au moins une saison supplémentaire
«Il n’y a rien avec aucun club pour l’année prochaine. Une fois la saison terminée, il sera temps d’analyser ce qui se passe»
JORGE MESSI, PÈRE ET AGENT DE LIONEL
pas pour habitude de signer des joueurs trentenaires, certaines écuries de Serie A et de Premier League pourraient être tentées de lui offrir un dernier défi sur le Vieux-Continent. Et Paris? Pas convaincu par le projet sportif du club, son clan a signifié courant mars qu’il ne prolongerait pas. Mais alors que les deux camps ont signé la paix après son escapade à Riyad et qu’il rejouera ce week-end face à Ajaccio, un nouveau bail n’est pas à exclure totalement, surtout si aucune autre porte ne s’ouvre en Europe, sachant par ailleurs qu’il reste très apprécié de Nasser al-Khelaïfi, le patron du PSG.
Face à tant d’incertitudes, Newell’s Old Boys – le club de Rosario où il a fait ses classes dans sa jeunesse – n’a pas abandonné l’idée de le voir porter le maillot rojinegro (rouge et noir) avant qu’il ne raccroche. L’enfant du pays est d’ores et déjà attendu au jubilé de son ami et ancien coéquipier de sélection Maxi Rodriguez le 24 juin prochain au stade Marcelo-Bielsa, le jour de ses 36 ans. Une pige que tous les supporters leprosos (les Lépreux, l’un des surnoms de Newell’s) rêvent de le voir prolonger. Mais la ferveur populaire qui avait entouré son dernier passage à Rosario, dans la foulée du titre mondial, aurait eu plutôt tendance à refroidir cette piste, alors que Lionel Messi aspire à une fin de carrière paisible.
■