Le Temps

Aux Etats-Unis, un sauvetage à 15,8 milliards

Le système de garantie des dépôts doit être renfloué après le soutien apporté à Silicon Valley Bank et à Signature Bank. Les grands établissem­ents seront mis à contributi­on, sans grand impact sur leur rentabilit­é

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

Il aura donc coûté 15,8 milliards de dollars aux autorités américaine­s pour sauver les deux banques tombées en faillite mi-mars puis vendues à des repreneurs, Signature Bank et Silicon Valley Bank (SVB). C’est le montant qui doit être remis dans le fonds destiné à garantir les dépôts bancaires aux Etats-Unis, a annoncé jeudi soir l’agence gouverneme­ntale qui gère cet instrument, la FDIC. Les banques affichant plus de 50 milliards de dollars d’actifs devront assumer 95% de ces 15,8 milliards, tandis que les très petites ne devront pas contribuer.

Ce montant ne comprend pas les quelque 13 milliards qu’a coûté à la FDIC le sauvetage de First Republic Bank, finalement reprise par JP Morgan le 1er mai. Les 15,8 milliards de francs «correspond­ent au coût subi par la

FDIC lorsqu’elle a repris Signature Bank et Silicon Valley Bank les 12 et 13 mars. Dans les deux cas, la FDIC a détenu ces établissem­ents pendant quelque temps, avant d’en revendre la majeure partie à des repreneurs, à un prix inférieur», observe Yann Goffinet, analyste spécialisé dans les banques chez Pictet Wealth Management.

Pour rappel, la new-yorkaise Signature Bank avait été fermée le 12 mars par les autorités, avant d’être vendue le 19 mars à New York Community Bancorp pour 2,7 milliards. La transactio­n portait notamment sur 38,4 milliards de dollars d’actifs de Signature.

Baisse du bénéfice par action de 2,5 à 6%

Silicon Valley Bank (SVB) était passée sous le contrôle de la FDIC le 13 mars puis vendue à First Citizens Bank & Trust Company le 27 mars. Cette dernière a notamment acquis pour 16,5 milliards un ensemble de prêts d’une valeur faciale de 72 milliards.

La facture a donc été présentée aux 50 plus grandes banques américaine­s. Avec le risque de peser sur leurs comptes? Absolument pas, répond encore Yann Goffinet: «Cette somme, qui sera payée sur huit trimestres en 2024 et 2025, correspond à 0,125% des dépôts non assurés de ces 50 grands établissem­ents. Leur bénéfice par action devrait baisser de 2,5% à 6% pour chacune de ces années». Aux EtatsUnis, les dépôts des clients bénéficien­t d’une assurance jusqu’à 250000 dollars, contre 100000 francs en Suisse.

JP Morgan, le groupe bancaire le plus profitable du pays, sera le moins touché, à l’inverse de Citigroup et State Street. La FDIC prévoit que 113 banques sur les milliers qui opèrent aux Etats-Unis devront participer au renfloueme­nt de son fonds. Si les établissem­ents concernés assumaient ce paiement durant un seul trimestre, leur bénéfice ne baisserait que de 17,5% en moyenne sur ces trois mois, a estimé le président de la FDIC, Martin Gruenberg, cité par Bloomberg.

La FDIC dispose donc de nouveaux fonds pour faire face à de nouvelles banques en perdition. Ce sera probableme­nt nécessaire, à en croire Jamie Dimon. S’exprimant en marge d’une conférence organisée jeudi à Paris, le patron de JP Morgan estime que l’on doit s’attendre à ce que d’autres banques régionales soient reprises, notamment à cause de difficulté­s provoquées par la baisse de l’immobilier commercial. Le banquier «le moins détesté de Wall Street» précise aussi que, de manière générale, les banques régionales restent stables et que leurs résultats seront solides pour le trimestre en cours et le suivant.

Dynamique de crise différente

La crise est en voie d’être résolue, mais sa dynamique a évolué, conclut Yann Goffinet. Dans le cas de SVB ou de Signature Bank, les retraits des clients ont provoqué une baisse du cours boursier de ces établissem­ents et finalement une interventi­on de la FDIC. «Alors qu’actuelleme­nt, des investisse­urs, en particulie­r des hedge funds, vendent à découvert l’action de certaines banques pour les mettre sous pression et les obliger à dévoiler des informatio­ns sur leurs dépôts. Si ces derniers ont reculé, les actions concernées baissent et la stratégie de ces hedge funds se révèle fructueuse», décrit l’analyste genevois. Ce qui explique que de nombreuses banques régionales publient régulièrem­ent des données sur leurs avoirs.

Jeudi, PacWest Bancorp a ainsi annoncé que ses dépôts avaient baissé de 9,5% la semaine précédente, tandis que sa concurrent­e Western Alliance affirmait que les siens avaient progressé. PacWest, dont l’action a chuté de près de 23% jeudi, fait partie des petites banques malmenées en bourse depuis début mars. Soupçonnée­s d’être les prochaines à tomber, elles avaient pourtant subi un net rebond à la bourse de New York vendredi 5 mai. Le titre PacWest s’était même envolé de près de 80% ce jour-là.

La facture a été présentée aux 50 plus grandes banques américaine­s

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