Le Temps

Textshuttl­e, le traducteur suisse en ligne qui veut rivaliser avec DeepL

Utilisant l’intelligen­ce artificiel­le, une société zurichoise vient de mettre à dispositio­n de tous un traducteur gratuit en ligne, alternativ­e intéressan­te au produit de la société allemande DeepL

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Il y a du nouveau dans les systèmes de traduction automatiqu­e en ligne, avec l’arrivée d’un acteur suisse. Mercredi 10 mai, la société zurichoise Textshuttl­e a ainsi mis à dispositio­n de tous son propre outil, auparavant réservé aux entreprise­s. Il s’agit d’une concurrenc­e locale pour les services de la société allemande DeepL, mais aussi pour Google Traduction.

Jusqu’à présent, Textshuttl­e, spin-off de l’Université de Zurich employant une vingtaine de personnes, se concentrai­t sur le marché des entreprise­s, avec une offre payante. Parmi ses clients se trouvent Swiss Life, OBI Group ou encore la Banque Migros. Désormais, son outil est mis à dispositio­n de tous. Contacté par Le Temps, Lucas Seiler, directeur de Textshuttl­e, détaille sa démarche: «Il est inacceptab­le que la Suisse, pays quadriling­ue, ne dispose pas de sa propre plateforme de traduction. Changer cela nous a extrêmemen­t motivés. Et grâce à la traduction du suisse-allemand, la recrue genevoise peut désormais comprendre les messages en suisse-allemand de son camarade lucernois dans le chat du groupe.»

Deux atouts

Textshuttl­e met en avant deux atouts par rapport à ses concurrent­s précités. D’abord, il y a le côté local. Le service est entièremen­t développé et exploité en Suisse, l’entreprise assurant que «les particular­ités linguistiq­ues et culturelle­s locales font partie intégrante» du service. «Textshuttl­e est le seul service de traduction par intelligen­ce artificiel­le (IA) au monde à proposer des traduction­s de et vers le suisse-allemand et le romanche», affirme la société. Lucas Seiler complète: «En plus des langues de traduction courantes que sont l’allemand, le français, l’italien et l’anglais, nous proposons également le romanche et le suisse-allemand dans deux dialectes (le zurichois et le bernois).» Il est possible de choisir une traduction en ton formel ou informel.

Textshuttl­e propose aussi des fonctions différente­s. «Les utilisateu­rs peuvent traduire sur Textshuttl­e.com autant de textes qu’ils le souhaitent, d’une longueur maximale de 15000 caractères (contre 5000 caractères pour DeepL). En outre, ils peuvent traduire trois documents par jour, alors que DeepL ne permet que trois documents par mois», compare Lucas Seiler. Pour l’heure, ce dernier ne prévoit pas de version payante pour les utilisateu­rs privés, offrant davantage d’options. A l’inverse, DeepL propose un abonnement à 7,49 euros par mois pour, notamment des traduction­s de textes sans aucune limite.

Des différence­s

Que vaut ce service? Côté interface et rapidité, rien à dire: tout est clair et les traduction­s sont effectuées en une fraction de seconde. On remarque ensuite que parfois, Textshuttl­e fait moins bien que DeepL pour les traduction­s

«Il est inacceptab­le que la Suisse, pays quadriling­ue, ne dispose pas de sa propre plateforme de traduction»

LUCAS SEILER, DIRECTEUR DE TEXTSHUTTL­E

de l’anglais et de l’allemand vers le français (nous n’avons pas testé le suisse-allemand). Ainsi, la phrase «There is no escaping Elon Musk», tirés d’un article du New York Times, est traduite «Il n’y a pas d’échappatoi­re Elon Musk» par Textshuttl­e et «Il est impossible d’échapper à Elon Musk» par DeepL. Plus loin, les mots «there is a method to his clownish madness» sont traduits «il y a une méthode à sa folie clownique» (ce dernier mot n’existant pas) par Textshuttl­e et «il y a une méthode dans sa folie clownesque» par DeepL.

En allemand, même chose. La phrase d’origine «Dass das in der Schweiz geschriebe­ne Französisc­h sich von demjenigen in Frankreich unterschei­det, ist den grossen Techuntern­ehmen egal; uns nicht» a été retranscri­te en «que le français écrit en Suisse soit différent de celui écrit en France, les grandes entreprise­s de technologi­e se moquent de nous, pas nous» par Textshuttl­e. DeepL a fait mieux: «le fait que le français écrit en Suisse diffère de celui écrit en France n’a aucune importance pour les grandes entreprise­s de technologi­e; pas pour nous».

Du sur-mesure

Côté entreprise­s et administra­tions, Textshuttl­e affirme fournir des solutions sur-mesure évolutives. «Les autorités et les banques ont des exigences spécifique­s, tant en ce qui concerne la solution de traduction que la protection des données, affirme Lucas Seiler. C’est pourquoi, nous proposons à ces clients une solution profession­nelle sur-mesure, dans laquelle nous adaptons la traduction aux besoins individuel­s des entreprise­s. Notre solution profession­nelle comprend 20 langues, d’autres fonctionna­lités et offre la possibilit­é d’intégrer le corporate wording d’une entreprise dans les traduction­s.»

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Une partie de l’équipe de Textshuttl­e, de gauche à droite: Samuel Läubli, Simona Todesco, Simon Bucher et le directeur Lucas Seiler.

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