Le Temps

L’Inde, prochain eldorado de la tech

- PAUL DE LA BAUME, MARKET STRATEGIST, FLOWBANK

L’Inde pourrait être sur le point de connaître une montée en termes de technologi­es avancées, semblable à une révolution industriel­le. Le secteur technologi­que indien est, d’une certaine manière, un microcosme de celui de l’Occident, avec quelques avantages décisifs. Marqué par un taux de croissance annuel constant de 8%, le chiffre d’affaires de l’industrie technologi­que indienne devrait dépasser les 245 milliards de dollars en 2023.

A l’heure actuelle, malgré l’explosion des start-up et des technologi­es, le marché indien reste largement inexploité, puisque 65% de cette population massive sont des jeunes âgées de moins de 35 ans.

Représenta­nt à la fois un réservoir de maind’oeuvre et une base de consommate­urs, la croissance inégalée du secteur technologi­que indien ne fera que s’accentuer à mesure que l’urbanisati­on signifie qu’une plus grande partie de ce réservoir de jeunes quitte les zones rurales pour s’installer dans les villes en plein essor – avec tous les équipement­s technologi­ques que l’on trouve en Occident.

Hormis le boom démographi­que, le capital humain des jeunes est bien positionné pour une révolution technologi­que. La maîtrise de l’anglais et surtout la compétence numérique dont fait preuve la population sont de forts atouts.

Avec 1,6 million de personnes considérée­s comme «numériquem­ent qualifiées», c’est-à-dire possédant des compétence­s techniques quantifiab­les de type STEM allant au-delà de la maîtrise de base des ordinateur­s, les entreprise­s technologi­ques s’arrachent les diplômés indiens aussi vite que les université­s peuvent les produire.

Les prochaines opportunit­és

Le réservoir de main-d’oeuvre en plein essor est sans aucun doute l’opportunit­é la plus importante pour les grandes entreprise­s technologi­ques en Inde. Ce n’est pas parce qu’il est moins cher à externalis­er, comme le voulait l’ancien paradigme, mais parce que les compétence­s numériques des jeunes Indiens dépassent celles des Occidentau­x.

Debjani Ghosh, président de l’Associatio­n nationale des sociétés de logiciels et de services, explique que «les Etats-Unis excellent dans la R & D de pointe, tandis que l’Inde dispose des talents nécessaire­s pour combler l’écart entre l’offre et la demande en matière de compétence­s numériques».

Les principaux facteurs d’instabilit­é semblent être d’ordre culturel. Apple, qui s’apprête à transférer sa production de la Chine vers l’Inde, a signalé en février que «(ses) usines en Inde n’ont pas le sens de l’urgence», ce qui a ralenti la transition prévue.

Face au rythme accéléré des avancées commercial­es attendues en Occident, ce choc culturel pourrait être le premier des nombreux obstacles que les entreprise­s technologi­ques doivent surmonter pour s’implanter en Inde. Mais ces entreprise­s misent sur le fait que leurs investisse­ments, qui se chiffrent en dizaines de milliards, porteront éventuelle­ment leurs fruits.

En fin de compte, la confluence de facteurs – un vaste marché inexploité, une main-d’oeuvre numériquem­ent qualifiée et un écosystème favorable – fait de l’Inde l’une des opportunit­és les plus convaincan­tes pour la croissance des géants de la technologi­e. ■

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