L’Inde, prochain eldorado de la tech
L’Inde pourrait être sur le point de connaître une montée en termes de technologies avancées, semblable à une révolution industrielle. Le secteur technologique indien est, d’une certaine manière, un microcosme de celui de l’Occident, avec quelques avantages décisifs. Marqué par un taux de croissance annuel constant de 8%, le chiffre d’affaires de l’industrie technologique indienne devrait dépasser les 245 milliards de dollars en 2023.
A l’heure actuelle, malgré l’explosion des start-up et des technologies, le marché indien reste largement inexploité, puisque 65% de cette population massive sont des jeunes âgées de moins de 35 ans.
Représentant à la fois un réservoir de maind’oeuvre et une base de consommateurs, la croissance inégalée du secteur technologique indien ne fera que s’accentuer à mesure que l’urbanisation signifie qu’une plus grande partie de ce réservoir de jeunes quitte les zones rurales pour s’installer dans les villes en plein essor – avec tous les équipements technologiques que l’on trouve en Occident.
Hormis le boom démographique, le capital humain des jeunes est bien positionné pour une révolution technologique. La maîtrise de l’anglais et surtout la compétence numérique dont fait preuve la population sont de forts atouts.
Avec 1,6 million de personnes considérées comme «numériquement qualifiées», c’est-à-dire possédant des compétences techniques quantifiables de type STEM allant au-delà de la maîtrise de base des ordinateurs, les entreprises technologiques s’arrachent les diplômés indiens aussi vite que les universités peuvent les produire.
Les prochaines opportunités
Le réservoir de main-d’oeuvre en plein essor est sans aucun doute l’opportunité la plus importante pour les grandes entreprises technologiques en Inde. Ce n’est pas parce qu’il est moins cher à externaliser, comme le voulait l’ancien paradigme, mais parce que les compétences numériques des jeunes Indiens dépassent celles des Occidentaux.
Debjani Ghosh, président de l’Association nationale des sociétés de logiciels et de services, explique que «les Etats-Unis excellent dans la R & D de pointe, tandis que l’Inde dispose des talents nécessaires pour combler l’écart entre l’offre et la demande en matière de compétences numériques».
Les principaux facteurs d’instabilité semblent être d’ordre culturel. Apple, qui s’apprête à transférer sa production de la Chine vers l’Inde, a signalé en février que «(ses) usines en Inde n’ont pas le sens de l’urgence», ce qui a ralenti la transition prévue.
Face au rythme accéléré des avancées commerciales attendues en Occident, ce choc culturel pourrait être le premier des nombreux obstacles que les entreprises technologiques doivent surmonter pour s’implanter en Inde. Mais ces entreprises misent sur le fait que leurs investissements, qui se chiffrent en dizaines de milliards, porteront éventuellement leurs fruits.
En fin de compte, la confluence de facteurs – un vaste marché inexploité, une main-d’oeuvre numériquement qualifiée et un écosystème favorable – fait de l’Inde l’une des opportunités les plus convaincantes pour la croissance des géants de la technologie. ■