Le Temps

ABB, dernière victime de choix des hackers

Le groupe industriel a admis vendredi être victime d’une cyberattaq­ue. Cette semaine, le Centre national pour la cybersécur­ité indiquait que le nombre de piratages avait presque doublé récemment

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

C’est la dernière victime de marque des pirates informatiq­ues en Suisse. Ce vendredi, ABB a admis être actuelleme­nt victime d’une cyberattaq­ue, affectant une partie de ses activités. C’est à ce jour l’une des plus grandes entreprise­s du pays à avoir été ciblée par les hackers, après des attaques contre Ruag, Swissport, Zurich Insurance, Comparis ou encore CH Media. Cette agression intervient alors que les dernières statistiqu­es officielle­s, publiées cette semaine, indiquent une hausse des attaques informatiq­ues.

C’est le site spécialisé BleepingCo­mputer qui a, le premier, signalé l’attaque contre ABB jeudi soir. Selon le site, le groupe de hackers appelé «Black Basta» serait à l’origine de cette agression numérique affectant les activités du groupe technologi­que suisse. «Le 7 mai, l’entreprise a été victime d’une cyberattaq­ue menée par le gang Black Basta, un groupe de cybercrimi­nels apparu en avril 2022», a écrit BleepingCo­mputer, se basant sur le témoignage de plusieurs employés.

Des machines touchées

Selon le site spécialisé, «des centaines d’appareils» d’ABB ont été touchés et «en réponse à l’attaque, ABB a mis fin aux connexions VPN avec ses clients afin d’éviter la propagatio­n du ransomware à d’autres réseaux». BleepingCo­mputer a ajouté: «L’attaque aurait perturbé les activités de l’entreprise, retardant les projets et affectant les usines.»

Des informatio­ns en partie confirmées vendredi par ABB, qui affirmait à l’agence AWP avoir récemment identifié un «incident de sécurité informatiq­ue» perturbant certains sites et systèmes. La majorité des systèmes comme des lieux de production demeurent opérationn­els, assurait ABB.

Cette attaque, très certaineme­nt commise via un ransomware (rançongici­el) – programme chiffrant les données et les exfiltrant – s’inscrit dans un contexte de très forte activité des hackers. Jeudi, le Centre national pour la cybersécur­ité (NCSC) publiait son rapport concernant le deuxième semestre 2022. On y apprenait que le nombre de piratages y avait presque doublé par rapport au semestre précédent, avec 276 signalemen­ts sur six mois.

Les annonces liées à des attaques par rançongici­el sont restées stables, avec 76 cas, un tiers provenant de particulie­rs et deux tiers d’entreprise­s. Le phénomène de la double extorsion (vol des données et menace de les diffuser) a pris de l’ampleur et «risque d’en prendre encore en 2023», selon le NCSC. Car, écrit ce dernier, «de multiples entreprise­s, visées par des rançongici­els, ont recouru à une stratégie de sauvegarde adéquate. Comme le simple chiffremen­t des données n’est plus assez lucratif pour les malfaiteur­s, ceux-ci menacent désormais de les divulguer.»

Que devraient faire les entreprise­s pour se protéger? Le NCSC note que «l’infection initiale est généraleme­nt due à une vulnérabil­ité ou à une mauvaise configurat­ion. C’est ce que confirme une étude de Microsoft, selon laquelle des erreurs générales de configurat­ion des logiciels et des appareils expliquent près de 80% des attaques dues à des rançongici­els». Selon le Centre national pour la cybersécur­ité, «une gestion en temps utile des correctifs logiciels, le réexamen régulier de la configurat­ion du système ainsi que l’utilisatio­n systématiq­ue de l’authentifi­cation à deux facteurs pour l’accès aux ressources réduiront significat­ivement les risques d’attaque par un rançongici­el.» ■

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