Le Temps

Violents combats après l’acceptatio­n d’une trêve par deux généraux soudanais

Un cessez-le-feu censé commencer ce soir a été âprement négocié. Pourtant un apaisement semble encore incertain

-

De violents combats ont éclaté hier à Khartoum, après l’annonce d’un cessez-lefeu d’une semaine accepté par l’armée et les paramilita­ires se disputant le pouvoir au Soudan, et censé commencer ce soir.

Les médiateurs américains et saoudiens ont annoncé avoir obtenu des deux camps, après deux semaines de négociatio­ns en Arabie saoudite, une trêve d’une semaine à compter d’aujourd’hui «à 21h45 heure de Khartoum» (19H45 GMT). Mais en plus de cinq semaines de guerre, une dizaine de trêves ont déjà été annoncées puis aussitôt violées. «On ne leur fait pas confiance: à chaque fois, ils annoncent une trêve et reprennent leurs combats aussitôt», témoigne Adam Issa, un commerçant du Darfour, la région de l’ouest du pays la plus meurtrie par les combats avec Khartoum.

Depuis le 15 avril, la guerre entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilita­ires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo, a fait un millier de morts dans ce pays d’Afrique de l’Est, l’un des plus pauvres du monde, et plus d’un million de déplacés et de réfugiés.

«Enfin voir un médecin»

Les infrastruc­tures ont été très endommagée­s: la quasi-totalité des hôpitaux de Khartoum et du Darfour, frontalier du Tchad, ne peuvent plus opérer, et les médecins dénoncent les bombardeme­nts d’établissem­ents de santé par l’armée de l’air ou l’artillerie des FSR.

La plupart des 5 millions d’habitants de la capitale, terrés chez eux pour ceux qui n’ont pas pu fuir, n’ont plus ni eau ni électricit­é. Les humanitair­es réclament des couloirs sécurisés pour acheminer médicament­s, nourriture et carburant, afin de relancer des services déliquesce­nts depuis des décennies.

Cette fois, assurent Riyad et Washington, «l’accord conclu à Djeddah a été signé par les parties et sera appuyé par un mécanisme de surveillan­ce du cessez-le-feu soutenu par les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et (la communauté) internatio­nale».

Hussein Mohammed, qui vit à Khartoum, veut y croire: «Cette fois-ci, on espère que les médiateurs surveiller­ont les belligéran­ts» et qu’ils seront forcés de faire taire leurs armes. «Cela me permettra d’emmener ma mère chez le médecin. Elle doit le voir chaque semaine mais nous n’avons pas pu y aller depuis le 13 avril.»

Sawsan Mohammed, elle, espère pouvoir revoir ses parents. «Ils vivent dans le nord de la capitale et moi dans le sud, je ne les ai pas vus depuis le 5 avril.»

Malik Agar, numéro deux du pouvoir militaire, a déclaré samedi vouloir «arrêter la guerre et s’asseoir à la table des négociatio­ns». Mais pour lui, ces négociatio­ns passent par l’intégratio­n des FSR dans l’armée régulière, pomme de discorde entre les deux généraux, qui a déclenché le conflit. ■

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland