Un financement qui entame sa réforme
Le grand raout de la santé devrait valider une augmentation des contributions obligatoires des Etats à l’OMS. C’est un pas important après des années de tergiversations
La pandémie de Covid-19 a fortement mis à l’épreuve les instances de santé globale. Mais elle a aussi mis l’OMS au coeur de la gouvernance mondiale. Sa pertinence s’est renforcée. Or ce renforcement de la réputation et du caractère indispensable de l’Organisation mondiale de la santé n’est pas en adéquation avec le financement de l’agence onusienne. Celle-ci a beau s’appliquer à coordonner à l’échelle mondiale la riposte à une pandémie ou autre crise sanitaire internationale, elle ne dispose pour l’heure que d’un budget équivalent à celui des Hôpitaux universitaires de Genève. Ce n’est plus tenable.
Changer la donne
Depuis des années, certains des 194 Etats membres de l’OMS s’évertuent à proposer une augmentation du budget régulier de l’organisation. La chancelière allemande Angela Merkel s’y est essayée à plusieurs reprises. En vain. Les dégâts économiques, sociaux et humains considérables causés par le Covid-19 aidant, la 76e Assemblée mondiale de la santé, réunie du 21 au 30 mai à Genève, devrait enfin changer la donne. Le Conseil exécutif de l’OMS va lui soumettre pour validation une décision qu’il a déjà prise consistant à augmenter les contributions obligatoires de l’OMS de quelque 50% au cours des prochaines années. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la réforme du financement de l’organisation encadrée par le groupe de travail sur le financement. C’est un pas important.
Pour l’heure, l’agence onusienne est financée à 80% par des contributions volontaires et à 20% par des contributions obligatoires. Le défaut majeur des premières: elles sont liées à des projets souhaités par les Etats contributeurs. Elles ne donnent aucune marge de manoeuvre à l’OMS. Pour être capable de planifier à long terme des programmes, l’organisation a besoin d’un budget régulier plus substantiel. La première augmentation des contributions obligatoires devrait se chiffrer à quelque 20%. A l’heure des restrictions budgétaires, les Etats ne sont pas tous enchantés. La Pologne, par exemple, y est opposée. En Suisse, avec l’affaire Credit Suisse et la guerre en Ukraine, «la situation budgétaire est extrêmement tendue», estime un expert. Tout financement nouveau est âprement discuté. Concrètement, Berne, qui verse environ 6 millions par an à l’OMS à titre de contribution obligatoire, va néanmoins augmenter ce montant de quelque 2 millions par an. ■