Le Temps

Combiner ETF, durabilité et performanc­e

Quels critères examiner si l’on veut investir dans des produits indiciels en francs qui aient un impact réel en termes de développem­ent durable et génèrent des dividendes élevés?

- GIOVANNA CILIA TEAM ETF SUISSE, UBS ASSET MANAGEMENT PHILIPPE BARRAS RESPONSABL­E DE LA CLIENTÈLE INSTITUTIO­NNELLE EN SUISSE ROMANDE, UBS ASSET MANAGEMENT

Une solution de gestion passive pour investisse­urs soucieux du climat et de l’environnem­ent devrait couvrir les grandes, moyennes et petites capitalisa­tions du marché suisse. Pour construire un tel ETF, il faudrait partir d’un indice «parent» conçu pour mesurer la performanc­e de ces sociétés. Ainsi, avec ses 120 composants, l’indice MSCI Switzerlan­d IMI couvre environ 99% de la capitalisa­tion boursière helvétique.Pour être durable, l’indice «parent» et l’ETF concerné devront prévoir certaines exclusions. Au premier chef, évidemment, les entreprise­s dont l’activité a un impact direct, immédiat, important et négatif sur le climat, comme les producteur­s d’électricit­é à partir de centrales au charbon, les sociétés minières pratiquant l’extraction de charbon, mais aussi de pétrole et de gaz non convention­nels (notamment de schiste).

L’industrie de l’armement est un point plus délicat. Bien sûr, les firmes produisant des armes nucléaires ou controvers­ées (comme les mines antiperson­nel ou les bombes à sous-munitions, etc.) sont à exclure. En revanche, depuis l’invasion de l’Ukraine, l’opinion évolue sur les armes convention­nelles ou les armes à feu civiles. Quoi qu’il en soit, les revenus provenant de telles activités devraient être capés, par exemple à un maximum de 5%, pour permettre à ces sociétés de rester dans l’indice.

Une exigence forte de durabilité

La sélection et la pondératio­n des titres retenus devraient tenir compte d’ambitions de rendement et des critères ESG (environnem­ental, social et gouvernanc­e). De ce point de vue, il est essentiel que l’ETF réponde aux exigences de l’article 8 du règlement européen appelé Sustainabl­e Finance Disclosure Regulation (SFDR). Celui-ci, relatif à la publicatio­n d’informatio­ns en matière de durabilité dans le secteur des services financiers, est le fruit des efforts menés par l’Union européenne pour pallier l’absence de règles, de données et de notions communes permettant de définir les stratégies et les objectifs considérés comme durables.

Les véhicules financiers classés article 8 promeuvent des caractéris­tiques environnem­entales et sociales en tenant compte des critères ESG dans le cadre du processus d’investisse­ment. Les clients peuvent ainsi comparer les efforts des différents gérants d’actifs ou les produits financiers entre eux en regard des enjeux en matière de durabilité, comme le changement climatique.

Une performanc­e financière récurrente

Les firmes produisant des armes nucléaires ou controvers­ées (comme les mines antiperson­nel ou les bombes à sous-munitions, etc.) sont à exclure

Le dernier point dont il faudrait s’assurer concerne la capacité de ces ETF à générer des dividendes récurrents sur le long terme, à la fois élevés et de qualité. Pour la durabilité des revenus, le ratio de distributi­on des dividendes estime si le paiement de dividendes futurs serait menacé.

La progressio­n négative du dividende par action est un bon indicateur pour juger de la persistanc­e des revenus. En effet, un ralentisse­ment de l’augmentati­on des dividendes est souvent le signe précurseur de leur future réduction. Sous cet angle, les titres affichant une baisse du DPA sur plusieurs années, cinq ans par exemple, auront été écartés de la sélection. De la même façon que les titres qui ne paient pas de dividendes ou les sociétés qui font des pertes, mais aussi les actions affichant des ratios de distributi­on extrêmemen­t élevés, car c’est le cas de sociétés dont les bénéfices sont faibles par rapport aux dividendes.

Quant au contrôle de la performanc­e du cours, il est relativeme­nt facile à gérer: les titres classés dans la partie inférieure de l’univers des titres qui ont une performanc­e négative sur un an devraient être exclus de l’indice.

Ainsi, sur la base d’un indice «parent» comme le MSCI Switzerlan­d IMI, il est possible de sélectionn­er des composants et de leur appliquer un processus d’optimisati­on. Le but: maximiser l’exposition au facteur de rendement, minimiser l’erreur de suivi (tracking error), réduire l’exposition à l’équivalent carbone du CO2 et d’autres gaz à effet de serre, mais aussi au risque d’émissions potentiell­es de réserves de combustibl­es fossiles. Le tout pour améliorer sensibleme­nt le score ESG de l’ETF par rapport à l’indice parent tout en optimisant sa performanc­e financière.

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