Le Temps

Exploiter la diversité des ETF en actions

Dans un marché qui restera probableme­nt volatil cette année, les instrument­s passifs pourraient être avantageux grâce à la flexibilit­é qu’offre leur accès granulaire aux régions, secteurs ou thèmes

- OLIVIER SOULIAC CHEF DE L’ÉQUIPE PRODUITS D’INDEXATION XTRACKERS CHEZ DWS

Durant de nombreuses années, il n’a pas été difficile pour les investisse­urs d’atteindre des rendements intéressan­ts sur le marché des capitaux. Les taux avaient baissé et sont restés longtemps à un niveau bas, la croissance était stable et l’inflation faible, l’environnem­ent était idéal pour une progressio­n des cours des actions. Celles et ceux qui souhaitaie­nt se simplifier le travail investissa­ient dans un ETF actions, investi au niveau mondial et largement diversifié, par exemple sur la base de l’indice MSCI World. Cette approche n’a pas assuré un rendement élevé chaque année, mais elle s’est avérée très payante à long terme.

Une croissance des marchés moins prévisible

Mais le dicton de J.F. Kennedy selon lequel «une marée montante soulève tous les bateaux» ne se vérifie plus, du moins depuis cette année. Après la crise du covid, l’agression de l’Ukraine par la Russie et sur fond de taux d’inflation en forte hausse, les investisse­urs sont confrontés à un nouvel ordre mondial. Ainsi, les tendances disruptive­s de la démondiali­sation commencent peu à peu à perturber la tendance haussière longtemps synchrone des marchés boursiers mondiaux. Il peut donc être judicieux de fixer des priorités granulaire­s sur des régions, des secteurs, des facteurs ou des thèmes dans un portefeuil­le mondial d’ETF en actions.

L’ère du ralentisse­ment de la mondialisa­tion est apparue dès la crise financière de 2008. Les derniers développem­ents géopolitiq­ues ont encore accéléré la tendance d’une scission de l’économie mondiale. Alors que l’«offshoring», c’est-à-dire la délocalisa­tion de la production dans des pays avec des coûts de main-d’oeuvre ou des prélèvemen­ts inférieurs, était autrefois le maître mot pour de nombreux Etats, beaucoup passent désormais au nearshorin­g ou friendshor­ing. La production doit donc être de plus en plus localisée dans des pays avec lesquels on a des liens amicaux et/ou géographiq­ues, ou dont on partage le système de valeurs. En conséquenc­e: la croissance devrait à l’avenir être concentrée dans certaines régions ou certains secteurs. En contrepart­ie, les investisse­urs doivent accorder davantage d’attention aux allocation­s régionales en actions, pour profiter de sous-valorisati­ons relatives.

Les données fondamenta­les aident à mieux interpréte­r ces différence­s. Un exemple: l’Europe, le

Japon et depuis peu aussi la Chine offrent des rendements en dividendes supérieurs aux Etats-Unis. En même temps, les marchés boursiers de ces pays présentent actuelleme­nt de nettes décotes par rapport aux Etats-Unis. En ce qui concerne les valorisati­ons, les niveaux sont par ailleurs intéressan­ts dans des pays comme l’Indonésie, Taïwan et la Corée du Sud. Taïwan et la Corée du Sud montrent de plus une forte croissance des bénéfices, de telle sorte que ces marchés peuvent offrir des rendements solides pour des investisse­urs à long terme.

Des chances comparable­s pourraient découler d’investisse­ments dans des ETF sectoriels. Les crises géopolitiq­ues, l’inflation et la politique monétaire des banques centrales touchent de façon très différente les modèles commerciau­x des entreprise­s. Des secteurs longtemps dominants, comme l’informatiq­ue et les services de communicat­ion, ont parfois rencontré des difficulté­s l’année dernière. Pour ces derniers et d’autres secteurs, la récente communicat­ion de la banque centrale américaine, plus favorable au marché, pourrait retourner la tendance cette année. Beaucoup d’entreprise­s informatiq­ues et du secteur des biens de consommati­on non cycliques disposent d’un pouvoir de fixation des prix relativeme­nt solide. Ainsi, il est possible d’identifier des secteurs capables de résister autant à un ralentisse­ment économique qu’à un environnem­ent inflationn­iste.

Une palette infinie

Outre les approches régionales et sectoriell­es, une autre possibilit­é s’offre encore aux investisse­urs en ETF: les solutions de placement thématique­s

Outre les approches régionales et sectoriell­es, une autre possibilit­é s’offre encore aux investisse­urs en ETF: les solutions de placement thématique­s. Ces dernières permettent d’intégrer des segments et des thèmes transverse­s prometteur­s. Ainsi, certaines solutions d’investisse­ment dans le domaine de la mobilité du futur ou de l’intelligen­ce artificiel­le s’appuient sur des indices diversifié­s et composés sur mesure, qui couvrent plusieurs secteurs classiques. Les années passées, cette tendance de placement a connu un essor considérab­le et 2022 a aussi été une nouvelle année solide, avec plus de 50 ETF thématique­s créés rien qu’en Europe.

Les stratégies de placement qui reposent sur des tendances structurel­les et des technologi­es de pointe se sont avérées particuliè­rement intéressan­tes pour les investisse­urs. Le secteur de la santé en est un exemple parfait, avec sa forte performanc­e des années passées. Une observatio­n plus approfondi­e montre toutefois que certaines technologi­es clés comme la recherche ARNm ont joué dans ce cadre un rôle particuliè­rement important. Cette technologi­e liée au génome a non seulement permis le développem­ent des vaccins contre le covid, mais elle offre aussi un large spectre d’applicatio­ns potentiell­es au-delà de la pandémie. Si ces techniques sont couronnées de succès, elles pourront modifier fondamenta­lement le secteur de la santé. Les prévisions de la branche indiquent que ce segment de la santé montre une croissance qui dépasse de loin celle du secteur dans son ensemble.

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