Le Temps

Le Qatargate, un scandale de mère en fils?

L’étau est-il en train de se resserrer autour de l’eurodéputé­e Marie Arena? Une perquisiti­on chez son fils a permis de découvrir d’importante­s sommes en liquide

- MARIE ARENA EURODÉPUTÉ­E BELGE VDG

Les ramificati­ons du Qatargate, scandale de corruption qui empoisonne le Parlement européen depuis décembre 2022, semblent encore bien vivaces. Les dernières révélation­s en date viennent du Soir: plus de 280 000 euros en liquide ont été découverts lors d’une perquisiti­on, le 19 juillet, chez Ugo Lemaire, le fils de l’eurodéputé­e belge Marie Arena, par ailleurs cofondateu­r d’une société de vente de CBD. Les enquêteurs vont désormais analyser les empreintes digitales et éventuelle­s traces d’ADN présentes sur ces billets.

Prouver l’origine de ces montants

Selon le quotidien belge, l’argent se trouvait dans l’appartemen­t bruxellois d’Ugo Lemaire, «dans un logement attenant à celui de l’eurodéputé­e socialiste». C’est d’ailleurs cette dernière qui a ouvert la porte aux officiers de la police judiciaire le 19 juillet, son fils étant absent ce jour-là.

La perquisiti­on s’est bien faite dans le cadre de l’enquête sur le Qatargate. Mais reste désormais à prouver l’origine de ces montants importants détenus en cash. Les avocats du jeune homme refusent de faire le moindre commentair­e à ce stade. Mis sur écoutes, le principal suspect de l’affaire, l’ancien eurodéputé italien Antonio Panzeri, désormais «repenti», s’était «vanté d’avoir proposé d’ajouter le fils de Marie Arena à une liste de personnes pouvant recevoir des places tous frais payés pour un match de la Coupe du monde au Qatar», rappelle Le Soir. Mais il n’a cessé de protéger Marie Arena en soulignant qu’elle était hors de cause.

Le fils du juge

Les 280 000 euros en liquide se trouvaient dans l’appartemen­t bruxellois du fils de Marie Arena

Toujours selon le quotidien, la création de la société de cannabis légal d’Ugo Lemaire est par ailleurs «à l’origine du départ contraint du juge Michel Claise de la direction de l’enquête sur la corruption au Parlement européen», en raison d’un risque de conflits d’intérêts. Car son fils aîné, Nicolas Claise, fait partie des fondateurs de BRC & Co. Une des six perquisiti­ons du 19 juillet qui ciblaient l’eurodéputé­e et son entourage a d’ailleurs eu lieu dans les locaux de la société.

Les services de renseignem­ent belges soupçonnen­t Marie Arena d’avoir reçu des cadeaux du Qatar, dont des bijoux et une montre de luxe. L’eurodéputé­e a toujours nié. Mais son nom est très vite apparu quand le scandale a éclaté en décembre 2022. Elle bénéficie toujours de son immunité parlementa­ire.

En décembre, l’affaire du Qatargate s’est imposée après la découverte d’environ 1,5 million d’euros en petites coupures lors de perquisiti­ons dans les domiciles de plusieurs membres du Parlement européen, dont la vice-présidente Eva Kaili, aujourd’hui démise de ses fonctions. Tant le Qatar que le Maroc sont soupçonnés d’avoir cherché à influencer des eurodéputé­s – et par ricochet des décisions du Parlement européen – en les arrosant de cadeaux et de versements en liquide.

En acceptant de collaborer avec la justice, Antonio Panzeri bénéficie d’une réduction de peine de prison. Quant à Eva Kaili, après avoir été emprisonné­e pendant quatre mois, elle a été libérée sous contrôle judiciaire à la mi-avril. Elle n’est désormais plus soumise à une assignatio­n à résidence dans l’attente de son procès pour corruption et a pu se débarrasse­r de son bracelet électroniq­ue.

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