«Idalia» submerge une partie de la Floride
L’ouragan, le premier à toucher les Etats-Unis cette saison, a atteint le «sunshine state» hier. Plus d’un million d’habitants ont été appelés à évacuer les zones les plus exposées, mais tous ne sont pas partis
L’ouragan Idalia a frappé de plein fouet hier matin (heure américaine) la côte du nord-ouest de la Floride. Mardi en fin de journée, le gouverneur Ron DeSantis, qui a suspendu sa campagne électorale pour la Maison-Blanche, avait appelé les habitants les plus exposés à évacuer. «Il faut partir maintenant. Les services de secours ne pourront plus vous aider jusqu’à la fin du passage de l’ouragan», avait-il prévenu, anticipant aussi des coupures de courant massives. Des ordres d’évacuation obligatoire ont été émis dans 28 comtés, totalisant 1,5 million d’habitants.
Plus les heures avançaient mardi soir, plus les vents forcissaient. Surtout, les eaux montaient, formant un piège potentiellement mortel. Dans la nuit de mardi à mercredi, l’ouragan Idalia avait gagné en puissance, atteignant la catégorie 4 sur une échelle de 5. Il a été rétrogradé en catégorie 3, juste avant de toucher les terres. Alors qu’il traversait le nord de la Floride, il n’était plus qu’un ouragan de première catégorie. Des vents de près de 200 kilomètres par heure ont tout de même été enregistrés hier.
Une première pour le Big Bend
Davantage encore que les vents, ce sont les vagues qui sont dévastatrices. Selon le Centre national des ouragans, la région de Big Bend, dans le nord-ouest de la Floride, pourrait faire face à une montée des eaux jusqu’à trois mètres se prolongeant après le passage de l’ouragan. Ces valeurs impressionnantes s’expliquent par la géographie des lieux. La région est un cul-de-sac avec très peu de relief sur lequel se déversera l’océan poussé par l’ouragan. «Le pire, c’est la montée des eaux, mais heureusement il s’agit d’une région peu peuplée», analyse Brian McNoldy, spécialiste des ouragans à l’Université de Miami. C’est la première fois depuis plus d’un siècle que la région de Big Bend est touchée par un ouragan aussi puissant.
Plus au sud, la ville de Tampa, 400 000 habitants, est restée en marge de l’oeil de l’ouragan mais l’océan a provoqué des inondations dans cette région bien plus peuplée. L’ouragan a poursuivi sa course en direction de la Géorgie et de la Caroline du Sud. L’état d’urgence avait aussi été décrété dans ces deux Etats, où des vents violents et des pluies abondantes sont attendus avec un risque d’inondations.
Force et faiblesse de la Floride
Selon Brian McNoldy, Idalia n’est toutefois pas exceptionnel pour la Floride: «Nous sommes dans la saison des ouragans et elle durera jusqu’au mois de novembre.» Cet été a été marqué par des températures de l’océan exceptionnellement élevées, jusqu’à 38 degrés relevés au sud de Miami. Ce réchauffement va-t-il multiplier les ouragans et augmenter leur puissance ces prochaines semaines? «Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions», estime prudemment Brian McNoldy.
Le débat sur le changement climatique est extrêmement polarisé. Mercredi dernier lors de leur premier débat, aucun des candidats républicains n’a levé la main quand les journalistes leur ont demandé s’ils pensaient que le réchauffement climatique était causé par les activités humaines. Le gouverneur de Floride – un Etat pourtant en première ligne – a accusé les grands médias de trop en parler.
La dernière fois que la Floride a été frappée par un ouragan d’une telle ampleur, c’était en septembre 2022. L’ouragan Ian, plus puissant et qui avait touché les côtes plus au sud, vers la ville de Fort Myers, avait causé la mort d’une centaine d’habitants, pour la plupart noyés dans leurs maisons à cause de la montée des eaux. A l’époque, le comté le plus touché avait tardé à appeler aux évacuations, faisant perdre aux habitants des heures vitales. Le gouverneur Ron DeSantis avait défendu l’action des autorités, en arguant que la trajectoire de l’ouragan avait brusquement changé. La Floride est habituée à ces phénomènes météorologiques. C’est à la fois une force et une faiblesse. «Les gens sont tentés de rester chez eux, car ils disent avoir déjà connu cela, pointe Brian McNoldy. Mais il n’y a pas deux ouragans qui se ressemblent.» ■
«Le pire, c’est la montée des eaux. Heureusement il s’agit d’une région peu peuplée» BRIAN MCNOLDY, SPÉCIALISTE DES OURAGANS À L’UNIVERSITÉ DE MIAMI