Claude Wasserfallen (1931-2023)
HOMMAGE Le haut fonctionnaire et enseignant à l’EPFL défendait une approche qualitative du territoire et des interventions humaines sur celui-ci
Claude Wasserfallen, décédé récemment d’une maladie qui ne pardonne pas, était l’un des acteurs de l’instauration de l’aménagement du territoire dans le canton de Vaud. Comme jeune architecte, il a participé, aux côtés de Marx Levy – futur municipal à Lausanne –, à l’effervescence de projets autour de l’Expo de Lausanne (années 1958 à 1962). Jean-Pierre Vouga, fraîchement nommé architecte cantonal, le remarque et l’engage pour diriger ce qui deviendra l’Office de l’urbanisme. A ses côtés, Wasserfallen bataille pour faire entendre la voix de l’urbaniste à une époque de construction routière et autoroutière triomphante, sans oublier les communes acharnées à implanter entreprises et immeubles d’habitation un peu partout. La protection des rives des lacs et du paysage entre dans l’agenda de l’Office. Il gère l’entité promue, en 1974, au rang de Service de l’aménagement du territoire, et s’illustre en particulier en 1972 lorsque les arrêtés fédéraux urgents mettent, pour la première fois au niveau national, la population – tout spécialement les propriétaires immobiliers – devant l’obligation de respecter les limites de notre territoire et la séparation radicale entre le bâti et le non-bâti. Une fois cette période politiquement difficile franchie et la loi fédérale sur l’aménagement du territoire en vigueur (1980), il mène le premier plan directeur cantonal à chef en 1987. Il prend sa retraite en 1991.
Parallèlement à ses tâches de haut fonctionnaire, Claude Wasserfallen enseigne à l’Ecole polytechnique de Lausanne, au département d’architecture, de 1975 à 1996. Il y fait aussi partie de la commission de prospective. Son enseignement s’appuie principalement sur des cas tirés de la pratique, portant ainsi à la connaissance des étudiants des situations d’actualité auxquelles ils seront confrontés. Epaulé, au cours des années, par plusieurs assistants très qualifiés, il élargit la perspective des architectes et des ingénieurs en direction du territoire, du paysage, de l’environnement au-delà d’une vision liée au seul objet à réaliser.
Durant sa retraite, Claude Wasserfallen s’engage dans plusieurs directions: il suit l’activité d’un bureau d’urbanisme, en participant à des concours d’idées ou de projets, l’un d’entre eux le menant jusqu’en Chine. Il s’exprime à plusieurs reprises publiquement sur des thèmes relatifs à l’aménagement du territoire, notamment lors de la marche de protestation contre le projet fribourgeois d’implantation de la firme pharmaceutique Amgen à Galmiz en plein Seeland agricole (2005) ou encore pour défendre le quartier de la Bourdonnette à Lausanne, trop souvent décrié pour sa localisation périphérique et sa réputation injuste d’habitations cheap.
Dans ses interventions et dans toute son activité professionnelle et d’enseignant, Claude Wasserfallen a défendu une approche qualitative du territoire et des interventions humaines sur celui-ci, en cherchant des solutions adaptées à l’environnement et à la conservation du patrimoine.
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