«Il y a eu 10 000 morts dus au covid en décembre»
En décembre, 10 000 personnes sont officiellement mortes du covid à travers le monde, selon Maria van Kerkhove, responsable technique à l’OMS. Le chiffre pourrait être bien plus élevé. Les Etats ont pour la plupart baissé la garde et ne surveillent plus l’évolution du virus. Inquiétant au moment où ils négocient un accord pandémique à Genève
XL’urgence de santé publique de portée internationale a beau être derrière nous, le Covid-19 continue de faire des dégâts. Le virus SARS-CoV-2 circule encore énormément partout sur la planète à un moment où les Etats ont perdu leurs bonnes habitudes de rendre compte de la situation sanitaire par rapport au covid. S’il est difficile d’avoir une image précise de la situation globale, les experts de la santé ont analysé les eaux usées pour constater que le niveau d’infection réel est sans doute jusqu’à 19 fois plus élevé que ce que laissent entendre les rapports fournis par quelques Etats coopératifs.
Depuis le début de la pandémie en 2020, le SARS-CoV-2 a tué 7 millions de personnes, selon l’Organisation mondiale de la santé. «Mais les chiffres réels sont sans doute multipliés par trois», estime Maria van Kerkhove, responsable technique pour le Covid-19 à l’OMS. C’est étonnant alors que nous sommes entrés dans la cinquième année covid depuis le début de la pandémie. Le SARSCoV-2 circule dans le monde entier et à un très haut niveau bien qu’il ne soit pas comparable au pic de la pandémie.»
Parmi les variants circulent toujours le BA.2.86 mais aussi et surtout le JN1, qui, pour l’heure, n’a pas une sévérité et une virulence supérieures aux précédents variants Omicron, mais qui représente 57% des variants en circulation. «Le nombre de morts a fortement diminué. Mais nous avons enregistré 10 000 morts à l’échelle globale dus au covid pour le seul mois de décembre dont la moitié a été identifiée aux Etats-Unis et un millier environ en Italie. Et ce n’est pas parce que certains Etats membres n’ont pas donné de statistiques qu’il n’y a pas de morts chez eux», explique Maria van Kerkhove. L’OMS se montre critique, estimant que nombre de décès pourraient être évités.
Post-covid
Maria van Kerkhove le martèle: «Le monde doit comprendre que le covid reste une un grand risque de santé publique. Le taux de positivité au SARS-CoV-2 va de 8 à 18%. Le taux d’hospitalisations a augmenté de 42% et celui des admissions en soins intensifs de 62%. «Il y a des centaines de milliers de patients actuellement hospitalisés à travers le monde à cause du covid et ces données ne proviennent que de 29 pays», précise l’experte de l’OMS qui n’exclut pas qu’il y ait beaucoup plus d’hospitalisations non enregistrées. Pour l’experte de l’OMS, le virus continue d’évoluer, même s’il est pour l’heure toujours question du variant Omicron.
La situation sanitaire se complique si l’on ajoute, au coeur de l’hiver dans l’hémisphère nord, les autres maladies respiratoires dont la grippe, le virus respiratoire syncytial humain (VRS) ainsi que les adénovirus et les rhinovirus, sans oublier la pneumonie mycoplasme qui touche en particulier les enfants.
Ce qui inquiète l’OMS, ce sont aussi les problèmes liés au post-Covid. Selon les dernières estimations, environ 6% des infections au Covid causent des problèmes à plus long terme en touchant des organes ou en handicapant ceux qui en souffrent pendant des mois. Maria van Kerkhove se demande d’ailleurs quels seront les effets dans dix voire vingt ans des affections post-covid: «Nous ne savons pas encore tout au sujet du virus et nous demandons quelles seront les conséquences et les déficiences que nous constaterons peut-être un jour au niveau du système cardiaque, pulmonaire et neurologique, même auprès d’athlètes.» Quant aux infrastructures et à la production de vaccins, «il y a encore, conclut-elle, beaucoup de travail à accomplir, mais nous avons fait des progrès.»
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