Elections neuchâteloises: à chaque ville son test
Nouveau système électoral, influence de dossiers émotionnels, légitimité des sortants: les élections sont toujours une épreuve, dont la forme peut grandement varier selon la ville où elles se déroulent
Quel sera le nouvel équilibre des forces politiques neuchâteloises? Les ayants droit en décideront le 21 avril prochain à l’occasion des élections communales. Les regards se porteront naturellement sur les trois grandes villes – Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et Le Locle – qui seront les seules à élire leur exécutif. Cette charge revient en effet aux législatifs dans les autres communes, à l’exception de Cressier.
Cette dernière, comme six autres, n’organisera toutefois pas de scrutin en raison d’un nombre de candidats soit égal, soit inférieur au nombre de sièges à pourvoir. Le nombre d’élections tacites est passé de cinq à sept dans le canton depuis 2016, alors que celui des communes a diminué de 36 à 24 en raison de fusions. De quoi mettre en lumière les difficultés croissantes que rencontrent les partis de remplir leurs listes.
La majoritaire à Neuchâtel, une première
Dans le chef-lieu cantonal, l’heure est au changement. Non seulement parce que le socialiste Thomas Facchinetti a décidé de céder son fauteuil de conseiller communal après trois législatures, mais surtout parce que l’élection de l’exécutif se déroulera pour la première fois au système majoritaire et non plus à la proportionnelle. Ce changement a été décidé pour éviter les problèmes de légitimité lorsqu’un élu se retire et se voit remplacer par un vient-ensuite.
Le principal enjeu de ce scrutin sera la majorité à l’exécutif. La gauche l’avait perdue en 2020 – elle la détenait depuis 1992 – et entend bien la reprendre grâce à une alliance PS-Vert·e·s. Ce d’autant plus que ses élus représentent actuellement près de 60% du législatif. Pour cela, elle devra parvenir à faire un croche-pied à l’un des sortants. La cible toute désignée: le PLR Didier Boillat, nettement plus discret durant la législature écoulée que ses collègues. Avec 17 candidats engagés pour 5 sièges à l’exécutif, le verdict tombera lors du second tour prévu le 12 mai.
L’épreuve des Vert·e·s chaux-de-fonniers
Un siège sera aussi laissé vacant à La Chauxde-Fonds par l’écologiste Patrick Herrmann, élu en 2020. La grande question sera donc de savoir si, dans ce scrutin à la proportionnelle, Les Vert·e·s parviendront à surfer sur le razde-marée qu’ils ont provoqué il y a 4 ans, en passant de cinq à dix conseillers généraux et en prenant une place socialiste à l’exécutif.
Depuis, le contexte a changé, comme le montrent les résultats des élections fédérales. En 2019, dans la métropole horlogère, les écologistes avaient remporté 21,4% de suffrages contre 15,6% pour le PS dans la course au Conseil national.
En octobre dernier, les socialistes reprenaient la tête avec 20,3% contre 17,3%. Comparaison n’est pas raison, mais cela donne tout de même une indication. L’écologie sera sans doute l’un des thèmes phares de la campagne en raison d’un référendum lancé par le centre droit et soumis en votation le 9 juin, qui s’oppose à la politique de stationnement validée par la majorité de gauche du législatif.
Au coeur de ce débat hautement émotionnel: la piétonnisation de la place du Marché et l’introduction d’un nouveau système de zonage et de macarons pour les places de parc. Reste à voir dans quelle mesure ce dossier influencera les élections, et le résultat des Vert·e·s.
Au Locle, l’heure de la légitimation
La gauche entend bien reprendre à l’exécutif la majorité qu’elle avait perdue en 2020, grâce à une alliance PS-Les Vert·e·s
Au Locle, l’élection de l’exécutif sera pour le moins particulière puisqu’elle consistera en premier lieu à voir si la population confirme quatre de ses cinq sortants qui ont pris leur fonction sans passer par les urnes. L’an dernier, trois membres du Conseil communal avaient démissionné en l’espace de quatre mois, tandis qu’un précédent retrait s’était produit en 2021.
Tous les démissionnaires ont été remplacés par des viennent-ensuite, il ne reste que le popiste Cédric Dupraz à avoir été choisi directement par le peuple.
Ce dernier ne se représente pas parmi les 15 prétendants à briguer l’un des cinq fauteuils remis en jeu. Il s’agira donc d’un bon test pour vérifier si les électeurs légitiment le hasard que peut provoquer le système proportionnel ou s’ils désirent rebattre les cartes.
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