Les Vingt-Sept valident la révision de la PAC
Les Etats membres de l’UE ont largement revu la Politique agricole commune hier à Bruxelles. Pas de quoi atténuer le mécontentement
Abandon des jachères obligatoires, haies, contrôles… Les Vingt-Sept ont approuvé hier une révision de la PAC, détricotant ses règles environnementales, et discutent de pistes pour doper les revenus des agriculteurs, alors que des centaines de tracteurs défilent de nouveau à Bruxelles. Au grand dam des ONG écologistes, la Commission européenne a proposé mi-mars d’assouplir, voire de supprimer, une partie des critères «verts» que la nouvelle Politique agricole commune impose depuis 2023 aux exploitations.
Réclamées par les Etats face à la colère agricole qui balaye le continent depuis deux mois, ces révisions législatives ont été entérinées sans changement substantiel par un «comité spécial agriculture» réunissant des représentants des Vingt-Sept. Elles seront désormais examinées en urgence par les eurodéputés. Le sujet animait également hier une réunion des ministres de l’Agriculture à Bruxelles, alors qu’au moins 300 tracteurs se pressaient dans le quartier européen, avec klaxons, jets d’oeufs et feux de foin, après de précédentes mobilisations en février.
«Nous ne les avons pas oubliés! Aujourd’hui on s’attaque à la PAC pour apporter plus de flexibilité, des réponses qui permettront d’augmenter leurs revenus», a déclaré hier le ministre belge David Clarinval. Parmi les obligations vertes jugées impraticables par les organisations agricoles, Bruxelles a notamment proposé de supprimer complètement l’obligation de laisser au moins 4% des terres arables en jachère ou surfaces non productives (haies, bosquets, mares…). L’obligation de rotation des cultures serait remplacée par une simple «diversification», le maintien de prairies permanentes qui serait considérablement assoupli, et en cas d’épisodes climatiques extrêmes, des dérogations seront possibles pour éviter des pénalités.
Enfin, la Commission propose d’exempter de contrôles et de pénalités liés aux règles environnementales les exploitations de moins de 10 hectares. Autant de mesures approuvées à une majorité qualifiée d’Etat, selon une source diplomatique, malgré des réticences de l’Allemagne.
«Des propositions insuffisantes»
Pas de quoi convaincre les agriculteurs du syndicat wallon Fugea et de la coordination paysanne alternative Via Campesina manifestant près du Conseil européen. Ils dénoncent des «propositions insuffisantes pour s’attaquer aux causes profondes» du malaise agricole et aux revendications sur les revenus. Surtout, ils réclament «la fin des accords de libre-échange» jugés déloyaux.
Autre sujet sensible: l’accord récent pour reconduire l’exemption de droits de douane à l’Ukraine tout en plafonnant certains produits agricoles. Il sera examiné aujourd’hui au niveau des ambassadeurs des VingtSept, certains Etats réclamant que ce plafonnement soit étendu au blé.
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