Sauver «La Rivière», parce que l’eau est source de vie
CINÉMA Le réalisateur français Dominique Marchais se penche sur les gaves, qui coulent entre les Pyrénées et l’Atlantique
L’eau d’une rivière est un flux qui, s’il est entravé ou bloqué, va modifier en profondeur le cycle de la nature et affecter la biodiversité. C’est ce que dit l’hydrogéologue et climatologue Florence Habets dans La Rivière, le nouveau documentaire de Dominique Marchais, et ses propos semblent tenir du bon sens le plus élémentaire. Or que fait l’être humain? Trop souvent, il cherche à dompter son environnement et à prouver sa supériorité en bloquant, en entravant… Il excelle à façonner et transformer le paysage pour ses propres besoins, sans tenir compte des dommages causés sur une planète qui se portait mieux sans lui.
Après Le Temps des grâces (2010), La Ligne de partage des eaux (2014) et Nul homme n’est une île (2017), où il montrait comment on peut lutter contre des phénomènes globaux avec des mesures locales, le réalisateur français s’intéresse aux gaves, ces rivières qui coulent entre les Pyrénées et les côtes atlantiques. Des rivières qui souffrent sous les effets de l’activité humaine et des dérèglements climatiques qu’elle induit.
Effondrement de la biodiversité
Tout commence par quelques beaux plans d’une rivière paisible. Tableau idyllique de loin, mais de près, voici que des hommes et des femmes s’affairent à récolter des déchets. «On ne va pas sauver la planète aujourd’hui», rigole l’un d’eux. Certes, mais chaque action peut avoir un impact positif, comme aime le démontrer, loin de l’écologie culpabilisante, Dominique Marchais.
Le voici qui part à la rencontre de pêcheurs, de chercheurs et de jeunes étudiants. Au fil des séquences, fluides comme les gaves qu’il filme, on assiste alors au récit de la mort lente des gaves, où les truites et saumons se font plus rares, où l’eau est de moins en moins pure, notamment à cause de la destruction des petits affluents. C’est à un effondrement de la biodiversité qu’on est en train d’assister, alerte le naturaliste Pierre-Yves Gourvil.
La Rivière n’est pas un grand documentaire de création cherchant la beauté des images, pour mieux émouvoir et alerter. Issu d’un travail d’écriture pour une fiction, il s’agit d’un film de rencontres qui, d’une petite prise de parole à une autre, construit une grande histoire universelle, celle des signes tangibles, mais que trop souvent on ne veut pas voir, que l’ère de l’anthropocène avance, inexorablement. Dominique Marchais ne milite pas, il montre. Son film est beau et inspirant, on en ressort avec malgré tout l’espoir que tout n’est pas (encore) foutu.
■ La Rivière, de Dominique Marchais (France, 2023), 1h44. Séance spéciale en présence du réalisateur, mercredi 27 mars à Lausanne (Le Cinématographe, 20h).