«Bison: une histoire de l’Amérique»
Le bison comme guide dans l’histoire des EtatsUnis, peut-être même comme miroir d’une nation: c’est le postulat que développe Ken Burns dans son nouveau film, en deux amples parties, que dévoile Arte. Le documentariste vedette (The Civil War, The War, The Vietnam War, mais aussi Jazz ou Country Music) s’appuie sur le massif et majestueux bovidé pour dérouler les soubresauts d’une terre et de ses peuples.
Quand les Européens sont arrivés, les bisons se comptaient par millions, vivant aux côtés des peuples autochtones, lesquels les vénéraient autant qu’ils les chassaient – dans des volumes modestes, sans cheval, la traque est complexe. Là aussi, la prise du territoire par les immigrants, puis les conquérants, bouleverse les écosystèmes et les sociétés.
Ken Burns raconte les grandes expéditions dès le début du XIXe siècle, qui défrichent cette terre immense vers l’ouest, et découvrent la constante présence du bison; les premiers cantonnements, des animaux avec les Indiens; puis, vers 1880, les massacres, quand la peau du grand boeuf est cotée pour les chapeaux, quand des millions de carcasses pourrissent dans la prairie – à moins que certains industriels ne les broient pour réutiliser la poudre ainsi obtenue. Et par la suite, tardivement, les premières prises de conscience du fait que la bête allait tout simplement disparaître.
L’histoire est là aussi tellement américaine. On redécouvre la figure de Buffalo Bill, naguère employé d’une compagnie de chemins de fer qui chassait le bison pour nourrir les équipes d’ouvriers du rail, et qui se reconvertit dans le spectacle, un cirque du Far West pour les familles, qui a même tourné en Europe, et qui nécessitait de sauvegarder les animaux afin d’en avoir à montrer aux foules captivées par ces westerns grandeur nature…
A travers le bison, ce sont aussi les souffrances et les stratégies de survie des premières populations qu’aborde le documentariste, dans une narration riche d’innombrables peintures et photographies, parfois glaçantes. Une saga historique aussi vaste que ses plaines. ■
Un film de Ken Burns (2023) en deux parties. A voir sur Arte.tv, l’app et YouTube jusqu’au 18 mai.