Au coeur d’un tableau d’Holbein le Jeune
A l’enseigne de la collection «Le Roman d’un chefd’oeuvre», «Un Message caché» lève les nombreux mystères dissimulés dans «Les Ambassadeurs», toile exposée à la National Gallery
Plongeons dans un chef-d’oeuvre de la peinture – Les Ambassadeurs, de Holbein le Jeune – et dans l’époque historique de sa création, en l’occurrence le XVIe siècle. Nous sommes en 1533 et le pape Clément VII contrarie le roi d’Angleterre dans sa volonté de divorcer, différend qui conduit à la création de l’Eglise anglicane. Le roi de France, François Ier, y voit l’opportunité d’un rapprochement avec l’Angleterre pour mieux contrer son rival Charles Quint et dépêche un ambassadeur auprès d’Henri VIII. Tel est le contexte historique du tableau. L’oeuvre a été commandée à Holbein, alors peintre de la cour d’Angleterre, par l’ambassadeur de François Ier, Jean de Dinteville. Ce dernier y pose à côté de son ami Georges de Selve, un compatriote, évêque érudit alors comme lui en séjour à Londres.
Géopolitique de l’époque
A travers le narrateur d’Un message caché, Allain Glykos aborde la toile comme une énigme livrant petit à petit ses secrets, chaque objet figuré, chaque détail trouvant son explication dans la géopolitique de l’époque et la propre vision d’Holbein. Le narrateur, un jeune peintre florentin, rend visite en son château à un Dinteville vieillissant, qui a acquis ce tableau aujourd’hui abrité à la National Gallery de Londres. Le lecteur trouve même une explication du mystérieux objet, à première vue indéfinissable, qui flotte au pied de l’oeuvre d’Holbein.
Ce texte s’inscrit dans une collection intitulée «Le Roman d’un chef-d’oeuvre» au sein des Ateliers Henry Dougier, du nom de leur créateur en 2014, connu aussi comme fondateur des Editions Autrement. Toujours selon la même logique mêlant récit romanesque et enquête historique, cette collection met notamment en roman des oeuvres de Botticelli, Manet, Monet, le Caravage ou encore Van Gogh.
■ Jean-Bernard Vuillème