Le Temps

Au plus près du foot

«L’aventure Proxifoot est un exemple concret que le public est toujours plus demandeur d’informatio­ns» Le jeune homme, fondateur du média Proxifoot, est une figure du football régional genevois. Sa passion et son travail assidu lui ont ouvert les portes d

- RAPHAËL JOTTERAND @Raph_jott

Le site n’est pas le plus clinquant de Genève. Pourtant, Giacomo Notari a choisi le Centre sportif du Bout-du-Monde pour nous accueillir et nous parler de ce qui l’habite depuis de nombreuses années. Seul à une table de la buvette du stade, l’étudiant en dernière année de master à l’Académie du journalism­e et des médias (AJM) a le nez dans le guidon. Ou plutôt dans son ordinateur. En cette soirée de mars se jouent les huitièmes de finale de la Coupe genevoise et il reste quelques détails à peaufiner. Un événement à ne pas rater pour lui et son équipe, qui ont pratiqueme­nt la mainmise sur le football régional depuis 2021.

Ou plutôt sur son actualité. Car, malgré ses 23 ans, Giacomo Notari a déjà rangé ses crampons. Un choix bien réfléchi et «sans regrets», qui lui permet de se consacrer davantage à sa passion du ballon rond, même si sa place se trouve derrière la ligne de touche. Sans enfiler les buts chaque weekend, le jeune homme d’origine tessinoise est devenu, au fils des saisons, une figure marquante du football genevois.

Le Ballon d’or genevois

Avec le média en ligne Proxifoot, dont il est le rédacteur en chef, Giacomo Notari et ses collègues ont réussi à faire de la deuxième ligue inter, du Servette FC Chênois féminin et des ligues inférieure­s un véritable show suivi chaque semaine par plus de 10 000 spectateur­s rien que sur Instagram. La clé de ce succès? «Probableme­nt le fait d’y avoir crû depuis le début et que le site soit géré par une équipe de passionnés», sourit l’étudiant. Fondé en 2008, Proxifoot a été relancé pendant la pandémie par Giacomo Notari et deux de ses amis, pour atteindre, en à peine plus de trois ans, une notoriété inespérée.

A la source de cette ascension fulgurante, des articles et enquêtes de qualité, des capsules vidéo dynamiques sur les réseaux sociaux (highlights des matchs ou interviews des acteurs de la rencontre), des podcasts et même une émission hebdomadai­re. Avec, en fin de saison, cerise sur le gâteau, un événement devenu incontourn­able: les Proxid’or. Une soirée de gala qui récompense les meilleurs joueurs de la saison et attire quelques partenaire­s de renom comme la Fédération des entreprise­s romandes (FER), qui accueiller­a la cérémonie dans ses locaux le 21 juin prochain.

Porté par son succès, Proxifoot compte étendre ses activités sur le canton de Vaud. Un pari risqué car «le territoire à couvrir, le nombre d’équipes et le nombre de sites sont incomparab­les à Genève, commente Giacomo Notari qui a passé son enfance dans la Cité de Calvin. Ça n’a pas été évident de se lancer car notre équipe connaît beaucoup moins bien le football vaudois que genevois. Nous avons dû recruter pour nous renforcer et pouvoir assurer un travail de qualité.»

Aventure chez les pros

Pas question de perdre l’essence même de Proxifoot qui peut se résumer en deux mots: travail et passion. «Je suis amoureux du football régional, mais surtout de tout ce qui l’entoure, admet le jeune homme. Si je devais choisir entre les 90 minutes de match ou tout ce qu’il se passe autour de la rencontre, je crois que j’opterais pour cette deuxième option. Je suis passionné par le football mais je ne suis pas forcément un tacticien hors pair. Ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus même si je dois progresser dans ce domaine.»

Toutefois, ce qu’il considère comme «une lacune» ne l’a pas empêché d’être repéré, parmi 46 jeunes journalist­es sportifs, pour rejoindre en tant que pigiste la rédaction de Blue Sport, la chaîne qui détient les droits de diffusion des championna­ts suisses, pendant le Covid. «Ce casting ouvert à tous était l’occasion rêvée de faire un pas de plus dans le métier, s’illumine Giacomo Notari. Pendant la pandémie, le football amateur était à l’arrêt. Ma seule chance de pouvoir suivre des matchs était de rentrer à l’intérieur des stades. Et, «miracle», c’est à ce moment que je gagne le concours de Blue Sport.» Grâce à ses origines tessinoise­s et à l’expérience acquise sur les plateaux, il pourra également publier en 2022 ses premières piges dans la rubrique sportive du Corriere del Ticino.

Croire en la profession

Depuis ses premiers pas sur les pelouses de Super League à tendre le micro aux protagonis­tes du milieu, le Genevois a pris du galon. «J’ai commenté mes premiers matchs cette saison. C’est une expérience incroyable, d’autant plus à 23 ans. Je suis très chanceux de pouvoir faire ce métier.» Malgré la crise conjonctur­elle qui touche les médias depuis plusieurs années, Giacomo Notari ne se pose pas trop de questions. «Je suis confiant en l’avenir du journalism­e car je suis passionné. Bien sûr, tous ces licencieme­nts sont dramatique­s et certains de mes collègues de l’AJM le vivent mal. Mais l’aventure Proxifoot est un exemple concret que le public est toujours plus demandeurs d’informatio­ns.»

Le média genevois, numéro un du football des talus, n’arrive pas encore à dégager de salaires complets pour sa dizaine de collaborat­eurs. «Personne n’est bénévole à 100% et personne n’est salarié de l’entreprise à 100%», témoigne Giacomo Notari qui rêve, un jour, de pouvoir en vivre complèteme­nt. En attendant, il compte décrocher son master de journalism­e cet été et devenir, au fil des années, une référence dans le métier.

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