«Nous accueillons un nombre phénoménal de personnes»
LIBRE CIRCULATION L’UDC a fait aboutir une initiative visant à limiter le nombre d’habitants en Suisse. Les débats parlementaires s’entrechoqueront avec ceux liés aux négociations entre le Conseil fédéral et l’UE. Le point avec le conseiller national frib
L’UDC Suisse a déposé hier à Berne son Initiative sur la durabilité, bardée de quelque 114 600 signatures alors que 100 000 sont nécessaires. «Pas de Suisse à 10 millions» dit le sous-titre de ce texte, qui exige que le Conseil fédéral et le parlement prennent des mesures dès que la barrière des 9,5 millions d’habitants sera franchie. Et cela afin d’empêcher que la limite des 10 millions soit atteinte avant 2050. Le parti de la droite souverainiste demande de mettre fin à la libre circulation des personnes avec l’Union européenne, et donc à la voie bilatérale avec
«La crise du covid a montré qu’un contrôle des frontières est possible»
Bruxelles. L’UDC réclame également des actions «en particulier dans le domaine de l’asile et du regroupement familial» afin de freiner le développement démographique de la Suisse. Le Conseil fédéral va devoir se prononcer sur cette initiative en 2025. Les débats au parlement commenceront donc parallèlement à ceux sur le paquet que négocie en ce moment le Conseil fédéral avec l’Union européenne, en vue d’un futur accord réglant les relations entre les deux entités. L’hypothèse que la Suisse mette fin à la liberté de circulation risque fort d’éclipser les discussions sur le résultat de ces négociations, la fin de la voie bilatérale rendant caducs ces éventuels accords. Le contrepoids que pourrait représenter une autre initiative présentée cette semaine également par les milieux pro-européens serait alors inopérant: si elle aboutit, elle ne sera discutée au parlement que bien plus tard. Nous nous sommes entretenus à ce sujet avec Pierre-André Page, conseiller national fribourgeois UDC.
Pourquoi est-ce nécessaire de limiter la croissance démographique suisse? La population en a marre de cette croissance exponentielle. La récolte de signatures a été très aisée, ce qui est un signe. Nous faisons beaucoup d’efforts en Suisse pour préserver l’état de notre pays, de ses paysages et de la qualité de vie. Or, nous accueillons un nombre phénoménal de personnes dans notre petite contrée, dont les frontières ne sont pas extensibles. Cela ne peut plus durer.
L’économie suisse a besoin de travailleurs, quelle que soit leur origine. Cette initiative ne va-t-elle pas nuire à la croissance du produit intérieur brut suisse, et donc à la qualité de vie que vous dites vouloir protéger? Non. Il s’agit d’accueillir les personnes nécessaires pour faire tourner les entreprises. Lorsque vous voyagez à l’étranger, on vous pose la question de savoir si c’est pour y travailler. Bien des pays limitent donc l’immigration tout en préservant l’économie. Les coûts du système social ne cessent d’augmenter. On vient de voter pour une 13e rente AVS, mais on ne sait pas comment on va la financer. Les personnes qui arrivent vont en bénéficier, sans participer à ce financement. On veut mettre fin à cette augmentation des coûts liés à cette immigration afin de gérer cette situation.
Cette initiative demande d’annuler la libre circulation des personnes avec l’Union européenne. N’est-ce pas ça son but réel: mettre fin à toute relation institutionnelle avec Bruxelles? Non, car nous sommes conscients de la nécessité d’une telle relation, même si nous voulons qu’elle soit la moins contraignante possible. Nous voulons simplement une immigration contrôlée. La crise du covid a montré qu’un contrôle des frontières est possible. On ne peut pas continuer à accueillir tous ces gens. Nous voulons conserver la qualité de vie que nos ancêtres ont mise en place. C’est le but que nous poursuivons avec notre initiative.
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