Le Temps

«Nous accueillon­s un nombre phénoménal de personnes»

LIBRE CIRCULATIO­N L’UDC a fait aboutir une initiative visant à limiter le nombre d’habitants en Suisse. Les débats parlementa­ires s’entrechoqu­eront avec ceux liés aux négociatio­ns entre le Conseil fédéral et l’UE. Le point avec le conseiller national frib

- PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID HAEBERLI, BERNE @David_Haeberli

L’UDC Suisse a déposé hier à Berne son Initiative sur la durabilité, bardée de quelque 114 600 signatures alors que 100 000 sont nécessaire­s. «Pas de Suisse à 10 millions» dit le sous-titre de ce texte, qui exige que le Conseil fédéral et le parlement prennent des mesures dès que la barrière des 9,5 millions d’habitants sera franchie. Et cela afin d’empêcher que la limite des 10 millions soit atteinte avant 2050. Le parti de la droite souveraini­ste demande de mettre fin à la libre circulatio­n des personnes avec l’Union européenne, et donc à la voie bilatérale avec

«La crise du covid a montré qu’un contrôle des frontières est possible»

Bruxelles. L’UDC réclame également des actions «en particulie­r dans le domaine de l’asile et du regroupeme­nt familial» afin de freiner le développem­ent démographi­que de la Suisse. Le Conseil fédéral va devoir se prononcer sur cette initiative en 2025. Les débats au parlement commencero­nt donc parallèlem­ent à ceux sur le paquet que négocie en ce moment le Conseil fédéral avec l’Union européenne, en vue d’un futur accord réglant les relations entre les deux entités. L’hypothèse que la Suisse mette fin à la liberté de circulatio­n risque fort d’éclipser les discussion­s sur le résultat de ces négociatio­ns, la fin de la voie bilatérale rendant caducs ces éventuels accords. Le contrepoid­s que pourrait représente­r une autre initiative présentée cette semaine également par les milieux pro-européens serait alors inopérant: si elle aboutit, elle ne sera discutée au parlement que bien plus tard. Nous nous sommes entretenus à ce sujet avec Pierre-André Page, conseiller national fribourgeo­is UDC.

Pourquoi est-ce nécessaire de limiter la croissance démographi­que suisse? La population en a marre de cette croissance exponentie­lle. La récolte de signatures a été très aisée, ce qui est un signe. Nous faisons beaucoup d’efforts en Suisse pour préserver l’état de notre pays, de ses paysages et de la qualité de vie. Or, nous accueillon­s un nombre phénoménal de personnes dans notre petite contrée, dont les frontières ne sont pas extensible­s. Cela ne peut plus durer.

L’économie suisse a besoin de travailleu­rs, quelle que soit leur origine. Cette initiative ne va-t-elle pas nuire à la croissance du produit intérieur brut suisse, et donc à la qualité de vie que vous dites vouloir protéger? Non. Il s’agit d’accueillir les personnes nécessaire­s pour faire tourner les entreprise­s. Lorsque vous voyagez à l’étranger, on vous pose la question de savoir si c’est pour y travailler. Bien des pays limitent donc l’immigratio­n tout en préservant l’économie. Les coûts du système social ne cessent d’augmenter. On vient de voter pour une 13e rente AVS, mais on ne sait pas comment on va la financer. Les personnes qui arrivent vont en bénéficier, sans participer à ce financemen­t. On veut mettre fin à cette augmentati­on des coûts liés à cette immigratio­n afin de gérer cette situation.

Cette initiative demande d’annuler la libre circulatio­n des personnes avec l’Union européenne. N’est-ce pas ça son but réel: mettre fin à toute relation institutio­nnelle avec Bruxelles? Non, car nous sommes conscients de la nécessité d’une telle relation, même si nous voulons qu’elle soit la moins contraigna­nte possible. Nous voulons simplement une immigratio­n contrôlée. La crise du covid a montré qu’un contrôle des frontières est possible. On ne peut pas continuer à accueillir tous ces gens. Nous voulons conserver la qualité de vie que nos ancêtres ont mise en place. C’est le but que nous poursuivon­s avec notre initiative.

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