Le Temps

Euro féminin 2025: Zurich tacle le budget fédéral et prend les devants

Environ 500 jours avant le début de la compétitio­n, le canton lance l’opération «Frauen EM 2025». But: promouvoir le football féminin. Et préparer une grande fête autour de l’organisati­on du tournoi

- BORIS BUSSLINGER, ZURICH @BorisBussl­inger

XEn surplomb de la ville de Zurich, le FC Höngg compte deux terrains d’entraîneme­nt, que les juniors masculins et féminins se partagent tant bien que mal. «Il faut jongler avec les horaires et la place disponible, qui manque souvent», témoigne Claudia Gfeller, responsabl­e des entraîneme­nts filles et femmes en région zurichoise. Des conditions que la manager sportive espère voir s’améliorer avec la venue de l’Euro féminin, qui se tiendra entre Bâle, Berne, Genève, Lucerne, Sion, Saint-Gall, Thoune et Zurich en juillet 2025.

Les autorités zurichoise­s présentaie­nt hier les contours du programme attendu en marge du tournoi internatio­nal, et cela depuis la buvette du club. Avec ce message: à défaut d’enthousias­me fédéral, le canton prend le relais pour faire de la compétitio­n une fête. Parole de Mario Fehr. Renard des surfaces politiques, le président du Conseil d’Etat zurichois attendait la presse sur le terrain, échangeant quelques ballons avec des footballeu­ses hautes comme trois pommes. Fin 2023, le Grand Conseil du canton le plus peuplé de Suisse a validé une enveloppe de 3,5 millions de francs destinée au soutien de l’Euro. Deux tiers du montant soutiendro­nt la ville de Zurich en tant que «Host Town» (ville d’accueil, en allemand dans le texte), tandis que 1,5 million de francs seront dévolus aux «mesures d’accompagne­ment» destinées au développem­ent du football féminin dans le canton.

«L’Euro doit permettre de donner un coup de pouce à la discipline, se réjouit Mario Fehr. Pour ce faire, il faut notamment moderniser les infrastruc­tures des clubs, accroître le nombre de terrains et construire de nouveaux vestiaires. Il s’agit également d’accroître l’offre d’activités, que ce soit des camps de football, des compétitio­ns juniores féminines et des journées découverte­s. Tout comme le personnel qualifié. Le soutien financier du canton permettra d’enrichir les programmes destinés à la formation de nouvelles coachs, arbitres ou fonctionna­ires de la branche. Une partie de l’argent ira également à un fonds de 100 000 francs destiné aux projets locaux, et à l’achat de matériel (maillots, chaussures, sifflets, etc.)»

«Les 4 millions de francs annoncés par la Confédérat­ion ne sont absolument pas un budget approprié» MARIO FEHR, PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ÉTAT ZURICHOIS

Convaincu que le sport est un «moteur d’intégratio­n», le président sans parti salue «une immense opportunit­é pour le pays et le sport suisse, féminin comme masculin» et souhaite entourer l’événement d’une «grande fête». Un nouveau site internet dédié à la promotion du football féminin sera prochainem­ent lancé aux côtés d’une campagne encouragea­nt les femmes à mettre les crampons, tandis que divers événements – dont les contours précis restent à définir – entoureron­t la compétitio­n dans tout le canton. Le football féminin étant connu pour son «pacifisme», les autorités ne prévoient par ailleurs aucun budget particulie­r pour renforcer les forces de l’ordre, dont les effectifs actuels devraient suffire pour encadrer le tournoi de manière adéquate.

«Un signal catastroph­ique pour le sport féminin»

Enfin, le président du Conseil d’Etat zurichois n’a pas pu s’empêcher d’aborder l’éléphant dans la pièce: «Si vous me demandez si les 4 millions de francs annoncés par la Confédérat­ion sont un montant acceptable, je vous répondrai non. Ce n’est absolument pas approprié.» Mi-mars, le Conseil des Etats avait sèchement retoqué le Conseil fédéral, approuvant à l’unanimité un relèvement du financemen­t fédéral de l’Euro à 15 millions de francs. Soit le premier montant annoncé par l’exécutif avant une coupe surprise de 9 millions de francs. Le Conseil national se prononcera sur la question en juin. «Zurich n’est pas particuliè­rement touché par cette réduction budgétaire, puisque nous disposons de financemen­ts cantonaux suffisants, ajoute Claudia Gfeller. Mais le signal envoyé au sport féminin est catastroph­ique.» Une première impression que Zurich a manifestem­ent voulu corriger.

Zurich n’est d’ailleurs pas le seul à prendre les devants, puisque Bâle, qui accueiller­a le match d’ouverture, ainsi que la finale, a déjà annoncé un budget de 12,9 millions de francs pour accompagne­r la compétitio­n, tout comme l’installati­on d’un terrain de football sur une des places du centre-ville. En Suisse romande, la maire de Genève, Marie Barbey-Chappuis, indique que le financemen­t commun entre le canton, la cité et les communes (notamment Lancy, où se trouve le stade) devrait avoisiner les 6 millions de francs. Alors qu’un crédit extraordin­aire d’environ 1 million de francs sera soumis au Conseil municipal au printemps. Des fan-zones destinées à la promotion du foot féminin et des clubs locaux devraient également voir le jour. En Valais, budget et événements demeurent inconnus, toutefois ces derniers sont «en cours de développem­ent», indique une porte-parole.

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