Frédérique Perler au coeur d’une nouvelle polémique
GENÈVE Pointée du doigt pour des recrutements controversés dans son département, la conseillère administrative verte, qui a déjà accumulé les couacs, apparaît fragilisée en vue des élections municipales de 2025
En politique, le dégât d’image se révèle souvent fatal. Au coeur d’une nouvelle polémique au sujet d’engagements controversés dans son département, la conseillère administrative en ville de Genève Frédérique Perler risque de l’apprendre à ses dépens. A l’approche des élections municipales de 2025, la Verte, déjà épinglée dans l’affaire des marteaux-piqueurs en 2022, semble menacée.
Révélée par la Tribune de Genève puis Léman Bleu, l’affaire qui agite le landerneau politique genevois depuis une semaine concerne plusieurs recrutements effectués par la codirectrice du Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité (DACM), soit le bras droit de
Frédérique Perler. Cette cadre a en effet embauché sa demi-soeur sans annoncer ce lien familial puis engagé, à six mois d’intervalle, un couple de connaissances venu de la région parisienne.
Mercredi soir, Léman Bleu révélait que la Française avait utilisé une adresse fictive dans le canton de Vaud, pour remplir les conditions du poste. Pire, toujours selon la chaîne genevoise, son compagnon aurait été préféré à une candidate genevoise alors même qu’il réunissait moins de points aux tests et faisait l’objet d’un préavis négatif des ressources humaines.
Frédérique Perler était-elle au courant? A-t-elle caché des éléments décisifs au Conseil administratif, chargé de valider les engagements de cadres effectués dans chaque département? Une enquête du contrôle interne est en cours pour déterminer les responsabilités. Qu’il s’agisse de complicité ou de manque de maîtrise, l’affaire est dans tous les cas très délicate pour la magistrate verte, pointée du doigt depuis le début de son mandat pour ses maladresses. «Préoccupé» et «consterné» par ces nouvelles révélations, le PLR Ville de Genève dénonce la «gestion déficiente» de Frédérique Perler et exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire, allant jusqu’à demander la mise sous tutelle du département.
Dans l’affaire du bitume dégrappé aux Pâquis, la magistrate avait été blanchie par la justice, mais avait reconnu une «erreur politique». Sollicitée par Le Temps, elle refuse de s’exprimer, au nom de la protection de la personnalité.
A l’interne du DACM comme au sein du Conseil administratif, l’ambiance est électrique. Au moment de l’engagement du candidat parisien, les magistrats Marie Barbey-Chappuis et Alfonso Gomez auraient questionné le bien-fondé de ce choix, mais Frédérique Perler aurait affirmé faire confiance à ses services. Jeudi dernier, le Conseil administratif disait «regretter les manques de transparence ayant entaché certaines procédures de recrutement» et annonçait des mesures. Or il apparaît que, le jour même, Frédérique Perler a envoyé un courrier à ses collaborateurs affirmant que «les processus de recrutements avaient été menés dans les règles» et réitérant sa confiance envers la codirectrice. Une démarche qui pose la question de la collégialité et de la confiance au sein de l’exécutif, actuellement à couteaux tirés.
«Ils se tirent dans les pattes»
A un an des élections municipales, l’affaire crée le malaise chez Les Vert·e·s qui doivent désigner leurs candidats au Conseil administratif de la ville le 22 juin prochain. A ce stade, ni Frédérique Perler ni son collègue de parti Alfonso Gomez n’ont annoncé officiellement s’ils rempileraient ou non. «Au fond, les deux veulent y aller mais ils se tirent dans les pattes parmi, en espérant que l’un d’eux laisse tomber», glisse une source.
Faut-il craindre un dégât d’image pour le parti? La nouvelle présidente des Vert·e·s genevois Maryam Yunus Ebener temporise, estimant qu’il faut attendre la fin de l’enquête avant de tirer des conclusions. «A ce stade, ce n’est pas l’affaire du parti cantonal», juge-t-elle, renvoyant à la section municipale en ce qui concerne les élections.
De son côté, le président des Vert·e·s en ville de Genève Omar Azzabi refuse de commenter, précisant que la discussion n’a pas encore eu lieu à l’interne. Elle s’imposera sans doute lors de l’assemblée générale du 22 avril, un point «ouverture des candidatures au Conseil administratif» étant prévu à l’ordre du jour. «Sur le fond, le bilan politique de Frédérique Perler est bon», appuie Omar Azzabi, évoquant plusieurs piétonnisations au centreville, la création de plusieurs de kilomètres de pistes cyclables et plusieurs dossiers débloqués comme la rénovation du Musée d’art et d’histoire ou encore la passerelle du Mont-Blanc. En ce qui concerne les recrutements controversés, Omar Azzabi considère qu’il s’agit «d’affaires RH relevant de la compétence de l’Exécutif».
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