Le Temps

Le féminisme vole en éclats

- ANCIENNE PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATIO­N POUR LES DROITS DE LA FEMME. ANCIENNE CONSEILLÈR­E MUNICIPALE, LAUSANNE DORIS COHEN DUMANI

Où es-tu, féminisme de mon passé? As-tu perdu ton âme? Où ont disparu les valeurs de solidarité qui consistaie­nt à dépasser les limites partisanes pour une cause noble? J’en ai présidé, des associatio­ns féministes ou plutôt des associatio­ns qui défendaien­t la cause des femmes, qu’il s’agisse de l’Union suisse pour décriminal­iser l’avortement durant sept années, ou l’Associatio­n vaudoise pour les droits de la femme (ADF), sur la demande de notre regrettée Simone Chapuis-Bischof…

Nous étions alors des femmes de tous horizons politiques et, ensemble, nous avons oeuvré pour avoir des positions communes à défendre ensuite dans nos partis respectifs sur la fiscalité, les garderies, l’égalité de salaires…

Aux manifestat­ions spectacula­ires du MLF de l’époque, nous avons préféré confronter nos réflexions pour arriver à trouver des solutions consensuel­les pour faire progresser la cause des femmes.

Et voici qu’aujourd’hui, tout semble partir en éclats.

Le féminisme est pris en otage par la violence, l’inculture et disons-le, la sauvagerie! Plus question d’écouter l’autre et d’accepter un avis différent. Plus question de valeurs de tolérance et de compassion, que ce soit pour les femmes iraniennes assassinée­s ou brûlées vives, pour les victimes sexuelles qui ont fui Boko Haram et ont été soumises à des violences sexuelles par les soldats nigériens ou encore pour les femmes israélienn­es, kidnappées, violées, terrorisée­s dont certaines sont encore retenues en otage aujourd’hui…

Le fanatisme et le wokisme ont pénétré les esprits dans les mouvements de défense des femmes. Ils les ont phagocytés et les ont vidés de leur sens!

Ainsi, chez nous, sous prétexte de soutenir la cause des Palestinie­ns, une cause noble certes, des collectifs féministes ont-ils décidé d’ignorer les violences, les horreurs et les crimes subis par les femmes israélienn­es et de s’en prendre aux Juifs qu’ils accusent d’être responsabl­es d’un conflit qui se passe au Moyen-Orient.

Les hurlements de haine retentisse­nt à Lausanne, à Genève et à Berne! Et comme le fait un vent violent sur des braises, ils animent des foyers d’hostilité et de colère…. Et si on regardait les choses en face?

A quoi sert cette haine, cette intoléranc­e, diffusée partout dans le monde? Fera-t-elle avancer la cause de toutes les femmes opprimées qui luttent au quotidien pour leur liberté, quels que soient leur nationalit­é, leur religion ou leur groupe ethnique? Elles ont toutes droit à notre empathie et notre soutien.

Je regrette que les membres des collectifs de la Grève féministe aient eu une capacité d’écoute si limitée et je garde l’espoir que l’éveil des conscience­s, le refus de l’endoctrine­ment et l’acceptatio­n de la réalité des faits les amènent à agir différemme­nt, afin que toutes ensemble, nous réussissio­ns à faire entendre la voix de toutes les femmes, de la paix et de la liberté.

Le féminisme est pris en otage par la violence, l’inculture et disons-le, la sauvagerie!

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