Le Temps

Nnavy s’imprègne d’Afrique

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A la fin du mois, la chanteuse lausannois­e à la carrière fulgurante va faire paraître un EP, «Closer», conçu au Kenya avec trois autres artistes africains ou afro-descendant­s. Elle s’en explique à quelques jours de son concert à guichets fermés au Cully Jazz Festival

En octobre dernier, sur la scène du Bourg, dans le cadre d’une soirée du festival Holy Groove, elle emportait son public comme à chacune de ses apparition­s scéniques. Un sourire, une présence solaire et une voix qui vous renvoie instantané­ment aux années 1960 et aux grandes heures de la soul music. Pas une once de fatigue ne se lit sur son visage. Et pourtant, la jeune chanteuse burundaise, qui est née et a grandi à Lausanne, arrivait quasiment directemen­t de Cointrin, de retour d’une semaine au Kenya, son premier séjour sur le continent pour une résidence d’écriture avec des jeunes artistes africains mise sur pied par Spotify Africa et la chaîne Colors.

Le 26 avril 2024, les morceaux réalisés lors de cette résidence avec les Kényans Karun et Hendrick Sam ainsi qu’avec la Sud-Africaine Msaki vont paraître sur toutes les plateforme­s de streaming sous le nom de Closer et très vraisembla­blement affoler les compteurs des nombres d’écoutes comme à chaque fois que Nnavy publie quelque chose. En attendant, Nnavy nous rejoint dans un café lausannois, tout de noir vêtue, un livre de Stephen King sous le bras. «C’était tellement agréable de voir un bout du monde que je n’avais jamais vu. Sur le continent, la scène R’n’B n’est pas très mise en avant, en comparaiso­n avec celle de l’afrobeats ou de l’amapiano, cela nous a permis de nous connecter et d’apprendre les uns des autres.»

Et même si la rapidité du séjour et l’intensité du travail – ensemble ces quatre-là ont composé un morceau par jour – ne lui ont pas permis d’explorer l’intense vie nocturne de Nairobi, Nnavy s’est sentie «portée par l’énergie ambiante». La scène locale s’est d’ailleurs invitée le dernier jour de résidence en nombre: «Les tables rondes et conférence­s présentées par des profession­nels de la musique et des artistes faisaient à chaque fois salle comble.»

Création en osmose

A 25 ans, un master en psychologi­e tout juste en poche, Nnavy est l’une des révélation­s de la scène helvétique. En 2018, elle commence à publier sur son compte Instagram ses premières vidéos, des reprises de standards accompagné­e sur un clavier qu’elle qualifie elle-même d’«un peu pourri». Ce qui ne l’empêche pas de se faire très vite remarquer. Aujourd’hui, la chanteuse a à son actif trois EP dont certains titres – Patterns et

Stay – flirtent avec les 6 millions d’écoutes sur Spotify. Elle est également la première artiste féminine suisse à avoir été invitée sur la plateforme et tremplin numérique Colors, et elle a joué en première partie de Lionel Richie au Montreux Jazz Festival l’an dernier.

Une ascension fulgurante, que la chanteuse savoure avec humilité: «Je viens de rentrer du M4Music (la grande foire musicale suisse) et c’est un peu stressant de voir le nombre de gens qui gravitent autour de mon projet. D’un autre côté, mon quotidien n’a pas changé. Avant j’avais des rendus à faire pour l’université, aujourd’hui j’ai des chansons à rendre…» Un exercice dans lequel elle excelle comme en attestent ces trois nouveaux morceaux réalisés au Kenya dans une intimité physique et émotionnel­le partagée avec ses trois compagnons de résidence, et en particulie­r un étonnant Raise your glass aux tempos et aux sonorités électroniq­ues.

Elisabeth Stoudmann

En concert au Cully Jazz Festival, vendredi 12 avril, 20h30 [complet]. Concert pour enfants le samedi 13 avril. Genève, Le Groove, vendredi 26 avril, le jour de la sortie de l’EP numérique «Closer».

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Nnavy, jeune chanteuse burundaise, est née et a grandi à Lausanne. (Emilien Itim)

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