A Bâle, anatomie de la paix
En décidant d’organiser une conférence de haut niveau sur la paix en Ukraine, le Conseil fédéral assume ses responsabilités: si nous avons une chance de contribuer à une paix globale, juste et durable sur le continent européen, nous devons la saisir, dans l’esprit de notre longue tradition diplomatique. Le succès n’est pas garanti, mais quelle est l’alternative? Ne rien faire et rester assis dans nos bureaux confortables dans l’attente d’un miracle ou en espérant que d’autres le fassent? Ce n’est tout simplement pas une option.
La paix est une quête fondamentale de l’humanité. Un idéal qui, malgré son omniprésence médiatique et politique, se trouve trop souvent relégué au rang d’abstraction, éloigné de sa concrétisation dans le monde réel. Il n’existe pas de formule magique pour instaurer la paix et garantir la dignité humaine. Cependant ce vide ne doit pas être interprété comme une excuse à l’inaction, mais plutôt comme un appel à la responsabilité, en particulier pour les nations privilégiées par leur position sur l’échiquier mondial, comme la nôtre. Les défis contemporains – qu’ils se manifestent par exemple sous la forme de conflits armés, de crises alimentaires et migratoires ou de catastrophes naturelles – sont des obstacles à la paix.
Il n’existe pas de formule magique pour instaurer la paix mais ce vide ne doit pas être interprété comme une excuse à l’inaction
C’est dans ce contexte que nous avons placé le thème de la paix au centre du 3e forum suisse de la coopération internationale (IC Forum), qui se tient à Bâle le 11 et 12 avril. L’IC Forum organisé par le DFAE ambitionne d’être une plateforme de référence pour la coopération internationale. Une plateforme réunissant des acteurs de la politique, de l’économie, de la recherche, de la philanthropie et de la société civile afin d’explorer de nouvelles pistes pour des progrès concrets et durables.
Que ce soit en matière de changement climatique (1re édition 2022), d’éducation (2 édition 2023) ou de paix (cette édition), l’IC Forum encourage le dialogue critique et la recherche de solutions basées sur la confiance, une valeur qui accompagnera chaque pas que les participants réaliseront ensemble.
Une des particularités de notre forum est qu’il est accessible à tous, des spécialistes au grand public, en passant par la jeunesse. Il offre un espace où chaque voix peut être entendue, chaque perspective partagée, avec respect. Cette année, cet événement a lieu en présence notamment de personnalités telles que la présidente de la Confédération Viola Amherd et la présidente éthiopienne Zewde Sahle-Work.
Nous appréhenderons la paix selon les trois perspectives de la coopération internationale: l’aide humanitaire, l’aide au développement et la reconstruction de la paix. Trois piliers dans lesquels l’expertise suisse est solide. Dans les zones de guerre, l’aide humanitaire vise à limiter les conséquences dramatiques des combats. Dans les régions instables, l’aide au développement permet de renforcer la résilience afin d’éviter le déclenchement d’un conflit latent. Et, quand les armes se taisent, nous travaillons en faveur de la reconstruction pour une paix durable.
De la qualité des échanges dépend la force des idées. Nous donnons ainsi la parole également aux nouvelles générations qui bâtissent le futur, aux entreprises suisses qui mettent des nouvelles technologies au service de la paix et à la diplomatie qui promeut le dialogue comme antidote à la violence. Aux côtés d’un groupe de jeunes de 17 à 24 ans de toute la Suisse, nous présenterons le premier Manifeste de Bâle pour la paix future. J’aurai finalement le plaisir de remettre le premier IC Award aux trois meilleurs projets d’entreprises parmi 10 sélectionnés.
Que ce soit à Bâle ou en juin prochain au Bürgenstock: se rencontrer, s’écouter et apprendre les uns des autres sont des conditions essentielles pour parvenir à la paix.