Le Temps

En golf, un tournoi qui rassemble des désunis

Le Masters à Augusta, en Géorgie, qui débute ce jeudi, réunit pour la première fois de la saison les dissidents du LIV Golf, financé par l’Arabie saoudite, et les joueurs restés fidèles aux tours européen et américain

- L. F.

Premier grand rendez-vous de la saison, le Masters à Augusta réunit toutes les stars du golf. Cela semble évident s'agissant de l'un des plus prestigieu­x tournois du monde; cela ne l'est plus depuis que la création en 2022 du LIV, un tour dissident très richement doté par l'Arabie saoudite, a séparé le circuit masculin en deux. L'annonce en juin 2023 de la fusion entre les deux circuits européen et américain et le Fonds d'investisse­ment public (PIF) d'Arabie saoudite semblait avoir enterré le wedge de guerre.

Dix mois plus tard, la situation n'a pas évolué. Pire, l'Espagnol Jon Rahm, entré l'an dernier dans le très select club des vainqueurs autorisés à porter la veste verte des membres de l'Augusta National Golf Club, a passé en décembre dans le camp des sécessionn­istes contre 270 millions de francs. Le Basque s'était pourtant montré très critique envers ce circuit bâti sur du sable et des parcours raccourcis à 54 coups. Mardi, il a servi des pintxos (tapas) et du chuleton a la parrilla à ses confrères lors du dîner d'avant-tournoi, et un discours des plus rassembleu­rs en conférence de presse, alors que l'on annonce la présence du gouverneur du PIF, Yasir al-Rumayyan, cette fin de semaine au bord des greens de Géorgie.

Des audiences en baisse

«L'accord-cadre trouvé en juin dernier a été un élément décisif dans ma décision», a expliqué Rahm, l'un des 13 représenta­nts du LIV au départ ce jeudi du Masters. «Plus nous pourrons rapprocher LIV Golf d'autres choses, mieux ce sera. S'il existait un jour un moyen pour LIV de passer à 72 trous, je pense que cela aiderait beaucoup cet argument.» Titré l'an dernier, Jon Rahm espère devenir le quatrième joueur après Nicklaus, Nick Faldo et Woods à remporter le tournoi deux années d'affilée. Rory McIlroy, qui partira jeudi aux côtés du vainqueur de 2022 Scottie Scheffler, reprendra sa quête du seul tournoi majeur manquant à son palmarès. Avant le premier drive, l'Irlandais s'inquiète «[des] audiences télévisées du PGA Tour cette année [qui] sont en baisse de 20%. Un cinquième, c'est beaucoup et c'est choquant. Avec les combats et tout ce qui s'est passé ces deux dernières années, le public commence vraiment à en avoir assez et cela le décourage. Ce n'est une bonne chose pour personne.»

«Pourquoi pas», se dit Woods

Comme chaque année, l'envoûtemen­t d'Augusta officiera bien vite, avec ses trous signatures, ses greens diabolique­s et son décorum unique de la Géorgie luxuriante. Sur les 89 joueurs du champ, 20 dont la révélation française Matthieu Pavon n'ont encore jamais participé à l'un des plus prestigieu­x tournois du monde. L'Américain Scottie Scheffler tentera de devenir le second joueur de l'histoire après Tiger Woods à remporter deux fois le Masters en tant que numéro un mondial, après sa première victoire en 2022. Bien lancé par sa victoire le 17 mars au Players Championsh­ip, l'Américain de 27 ans reste fidèle à lui-même avec une approche froide et discipliné­e.

Plus ouvert, l'Irlandais McIlroy est l'un des favoris du public, qui aimerait bien le voir gagner après six places dans le top 10 en neuf participat­ions. Tiger Woods y croit, plus qu'en ses propres chances. La légende du golf, qui a rompu en début d'année un contrat vieux de vingtsept ans avec Nike, essaiera de passer le cut pour la 24e fois d'affilée. A 48 ans, et malgré les douleurs liées à son gros accident de voiture survenu en février 2021, Woods estime avoir ses chances de revêtir une sixième fois la veste verte pour égaler le record de Jack Nicklaus. «Si tout se met bien en place, je pense être capable d'en gagner encore une», a-t-il assuré.

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