Un signal positif pour Roche dans la lutte contre l’alzheimer
L’autorité américaine de surveillance du médicament a désigné comme dispositif innovant un test sanguin développé par le géant bâlois avec l’américain Eli Lilly
Après avoir connu deux échecs dans le développement de traitements pour la maladie d’Alzheimer en 2022, Roche avait annoncé il y a un an un partenariat avec l’américain Eli Lilly pour mettre au point un test de diagnostic précoce de cette maladie neurodégénérative. Appelé «Elecsys pTau217», celui-ci vient de recevoir la désignation de dispositif innovant de la part de la FDA [Food and Drug Administration, l’agence américaine de surveillance du médicament], a annoncé le géant bâlois hier. Une reconnaissance qui permettrait d’accélérer le développement de cet outil de diagnostic.
«C’est un programme qui nous permettra, entre autres, d’avoir des contacts plus fréquents avec les experts de la FDA, ainsi que de bénéficier d’une procédure d’examen accélérée à l’issue du développement», détaille le docteur Martin Guess, responsable Global Medical Affairs en neurosciences chez Roche. En 2023, l’autorité américaine a accordé 145 breakthrough device designations.
Identifier la maladie tôt
Il faudra cependant encore attendre quelques années avant de voir ce test arriver sur le marché, précise Martin Guess. «Notre objectif est de pouvoir fournir aux patients un test qui permette de détecter la maladie suffisamment tôt pour pouvoir leur assurer de
«Notre test sanguin doit permettre de diriger les patients vers des tests complémentaires» MARTIN GUESS, RESPONSABLE GLOBAL MEDICAL AFFAIRS CHEZ ROCHE
rester actifs et de préserver leurs capacités cognitives le plus longtemps possible», ajoute-t-il.
Cette question de la détection précoce de la maladie est devenue un point central de la lutte contre la maladie d’Alzheimer. «C’est une maladie progressive. Elle peut être présente dix, voire vingt ans, avant l’apparition des symptômes, le plus tôt on intervient, le mieux on peut préserver les capacités des patients», indique Martin Guess. Au niveau mondial, plus de 55 millions de personnes souffrent de démence (terme désignant différentes maladies dont l’alzheimer). Une tendance qui devrait aller en s’accélérant avec le vieillissement global de la population.
Le test développé par les deux partenaires doit permettre d’identifier la présence ou non d’amyloïdes pathogènes. Les bêta-amyloïdes sont des protéines impliquées dans le développement de la maladie, qui forment des plaques au niveau du cerveau. «Notre test sanguin est une solution invasive minimale qui doit permettre de diriger ensuite les patients vers des tests complémentaires comme une analyse du liquide cérébrospinal», souligne Martin Guess.
Des synergies
Si le test est encore loin d’une mise sur le marché, la collaboration avec Eli Lilly donne des perspectives de synergie. Le laboratoire américain a présenté l’an dernier des résultats encourageants pour le donanemab, un traitement en cours de développement pour la maladie d’Alzheimer. Dans un essai clinique de phase III, cet anticorps a démontré sa capacité à freiner la maladie de 35% dans ses premiers stades. D’où l’intérêt de parvenir à diagnostiquer la maladie au plus tôt.
Le donanemab fait l’objet d’un examen par la FDA pour une éventuelle mise sur le marché. Mais début mars, l’autorité américaine a demandé à réaliser des analyses supplémentaires, notamment sur le protocole d’administration du médicament.
Malgré ses échecs précédents, Roche continue également de mener des recherches dans le domaine du traitement de l’alzheimer. En début d’année, elle annonçait la fin de sa collaboration avec la vaudoise AC Immune dans le domaine, mais lors de la présentation des résultats de 2023, Thomas Schinecker indiquait vouloir concentrer les efforts sur le trontinemab, un anticorps ciblant la formation de plaques amyloïdes. ■