Une semaine de salons sans vraie tendance
Les nouveautés constituent toujours un indicateur avancé de l’état du marché. Cette année, le sentiment unanime est que la fête est passée
Aucun dirigeant de marque ne le reconnaîtra ouvertement, mais le pouls du marché est clairement au ralenti. «Les véritables nouveautés sont restées dans les tiroirs. Elles ressortiront quand le contexte sera meilleur.» Cette citation restera anonyme, la source ne souhaite pas être nommée. Mais elle n’est pas la seule à le penser. Tous les connaisseurs du secteur, observateurs, dirigeants honnêtes, sous-traitants, croisés dans les couloirs de Watches and Wonders et ailleurs sont unanimes: la fête est passée.
Ce n’est pas une fatalité, les beaux jours reviendront. Il n’y a rien d’inhabituel, l’industrie horlogère n’a jamais réussi à lisser ses flux entre le sell-in (la vente dans le réseau de distribution) et le sellout (la vente au client final). Le secteur horloger évolue en réalité depuis toujours par «coups de fouet» – cette habitude de trop produire en haute conjoncture et de freiner brusquement en cas de baisse. Or, en ce moment, «les canaux sont pleins», résume un autre interlocuteur. Ce qui signifie en clair qu’il y a trop de montres sur les marchés et qu’il faut les assécher avant de les réapprovisionner.
Pas de prise de risque
Les nouveautés constituent en cela un bon indicateur: le secteur est particulièrement averse au risque, en cas d’incertitude, on campe sur les valeurs sûres. Cette année, les salons regorgent de montres classiques et de déclinaisons de modèles existants. Les seules créations qui sortent du lot sont des concepts ou des pièces uniques: la montre la plus compliquée chez Vacheron Constantin, la montre la plus fine du monde chez Piaget et Bulgari.
L’indicateur ultime, celui que tout le monde observe, va dans le même sens: Rolex. La maison à la couronne n’a en effet pas pris de risque cette année. A l’exemple de l’Oyster Perpetual GMT-Master II avec lunette noir et gris, qui avait été présentée l’an dernier et revient cette année sur deux variations de bracelets. En 2023, Rolex avait présenté des modèles audacieux, pop et colorés (avec cadran puzzle et calendrier à messages, par exemple) qui avaient surpris tout le monde et même amorcé une tendance. ■