Pour le Tour de Romandie, chaque départ est une victoire
La Boucle romande s’élancera le 23 avril de Payerne et ralliera Vernier (GE) le 28 avril. Pour les organisateurs, confrontés à toujours plus d’exigences, mettre sur pied cette 77e édition a été un long combat, qu’ils espèrent profitable pour le futur
Epreuve du calendrier World Tour, le 77e Tour de Romandie rassemblera 23 équipes, dont la Tudor de Fabian Cancellara et une sélection suisse, qui parcourront 667 km à vélo de Payerne (le 23 avril) à Vernier (arrivée le 28 avril) en un prologue et cinq étapes. Les principales têtes d’affiche sont le tenant du titre Adam Yates (UAE), les vainqueurs du Tour de
France 2019 Egan Bernal (Ineos), du Giro 2020 Tao Geoghegan Hart (Lidl) et du Giro 2022 Jai Hindley (Bora). A suivre également les deux grands espoirs du cyclisme, le Français Lenny Martinez (Groupama-FDJ) et le Suisse Jan Christen (UAE).
Voilà pour l’aspect sportif. Il a longuement été question jeudi matin à Vernier, où se déroulait la conférence de presse de présentation de l’évènement, des difficultés rencontrées par les organisateurs pour boucler un budget estimé entre 4,5 et 5 millions de francs. En danger au printemps 2023, déclaré sur la voie de la guérison en septembre dernier, le Tour de Romandie «entrevoit désormais l’avenir avec sérénité», a expliqué Grégory Devaud, le président de la Fondation du Tour de Romandie, qui chapeaute les éditions masculine (en avril) et féminine (en septembre). Eléments tangibles de cette confiance retrouvée: un accord prévoyant le soutien systématique des cantons (romands et Berne) traversés, l’accès nouveau à un fonds fédéral destiné aux événements sportifs suisses d’envergure mondiale (SwissTopSport), une collaboration accrue avec la RTS et la reconduction pour cinq ans (jusqu’en 2029) du mandat d’organisation confié à la société de Richard Chassot.
Rien ne va de soi
Il y avait tout de même un léger paradoxe au récit de ces épreuves surmontées puis au défilé de l’élu local ravi d’accueillir l’arrivée du Tour, des sponsors enchantés des retombées et de la RTS heureuse de produire des images vues par 21 millions de téléspectateurs dans 107 pays… «Cela ne s’est pas fait tout seul, nous avons beaucoup bataillé pour faire prendre conscience à tout le monde, et notamment aux partenaires institutionnels, de tout ce que les deux Tours peuvent apporter à la Romandie, explique Grégory Devaud. Bien des habitudes avaient disparu avec le Covid-19. Quand il n’y a pas eu d’épreuve en 2020, certains ont pensé que ce n’était pas si grave.»
L’autre paradoxe a des airs de puits sans fond. Si les sponsors sont là et couvrent 50% du budget, celui-ci ne cesse d’augmenter. «Les pelotons roulent de plus en plus vite, nos routes sont de moins en moins adaptées; cela mobilise toujours plus de gens pour assurer la sécurité des coureurs», relève Richard Chassot. Selon certaines sources, le Fribourgeois aurait écrit cet hiver à Aigle à l’Union cycliste internationale (UCI) pour signifier son ras-le-bol. «Il n’y a pas eu un courrier en particulier mais des échanges réguliers où nous avons sensibilisé l’UCI au fait qu’elle ne pouvait pas constamment nous rajouter des contraintes», reprend Grégory Devaud, qui cite le cas de l’équipe Israel-Premier Tech (absente cette année) qu’il avait fallu inviter. Un coût de 60 000 francs à la charge des organisateurs.
Mais puisque le Tour de Romandie est surnommé «la course des 4 saisons» en raison de ses brusques changements climatiques, un nouveau nuage apparaît à l’horizon 2025: le débat sur le montant de la redevance et la possible baisse des moyens accordés à la SSR, indispensable partenaire de l’épreuve. ■