A Cannes, le retour attendu de Francis Ford Coppola
La sélection de la 77e édition du Festival de Cannes a été dévoilée hier. David Cronenberg, Jia Zhang-ke, Christophe Honoré et Paolo Sorrentino brigueront la Palme d’or, tandis que l’actrice romande Laetitia Dosch présentera son premier long métrage
XIris Knobloch a vécu l’an dernier son premier Festival de Cannes en tant que présidente, et elle garde un souvenir intense et ému de cette première fois. Hier en fin de matinée, introduisant la traditionnelle conférence de presse d’annonce de la sélection officielle, l’Allemande, venue des studios Warner, a parlé cinéma et insisté sur l’importance et le rayonnement de la manifestation plutôt que de se contenter, comme le faisait parfois son prédécesseur Pierre Lescure, de saluer les sponsors. Et de citer notamment les près de 30 nominations aux Oscars reçues cette année par les films repérés l’an dernier par Thierry Frémaux et ses équipes.
Pour Iris Knobloch, le choix de confier à Greta Gerwig la présidence du jury qui remettra le samedi 25 mai la Palme d’or 2024 est un symbole fort. La réalisatrice de Barbie, dit-elle, «incarne parfaitement l’âme du festival, ce que nous sommes et ce que nous voulons continuer à être. Elle est animée d’un amour profond pour le cinéma et son histoire, mais avec aussi la volonté d’en réinventer les codes, promenant son regard unique de la scène indépendante à Hollywood.» A qui l’actrice, scénariste et réalisatrice remettrat-elle le trophée suprême, une année après le sacre d’Anatomie d’une chute? Pour l’heure, 19 longs métrages composent la compétition. Un ou deux ajouts devraient comme de coutume être faits prochainement.
Seulement quatre femmes en lice pour la Palme
Première constatation, et pas des moindres: seules quatre réalisatrices ont été retenues, c’est bien peu et moins qu’en 2023. Parmi elles, un nom connu, celui de la Britannique Andrea Arnold (Red Road, Fish Tank, American Honey), qui présentera Bird, sur «une jeune fille de banlieue tentant d’échapper à la fatalité sociale», selon les mots de Thierry Frémaux. La documentariste indienne Payal Kapadia dévoilera de son côté la fiction All We Imagine As Light, tandis que deux cinéastes françaises fouleront le tapis rouge: Agathe Riedinger pour Diamant brut, «sur une jeune fille du sud de la France qui a des rêves et des utopies», et Coralie Fargeat, qui après Revenge signe avec The Substance un deuxième film américain – «un film gore avec Demi Moore et tellement de sang qu’on a l’impression qu’il traverse l’écran». Seconde constatation, seuls deux réalisateurs sélectionnés ont déjà reçu la Palme d’or, une fois pour Jacques Audiard (Dheepan) et deux pour Francis Ford Coppola (Conversation secrète et Apocalypse Now); c’est, là aussi, moins qu’il y a 12 mois, où cinq cinéastes palmés étaient en compétition. Le Français revient avec Emilia Perez,
«une comédie musicale chez les cartels mexicains, mais il ne faut pas en dire plus», l’Américain avec le très attendu Megalopolis, un ambitieux film de science-fiction dont il a commencé l’écriture dans les années 1980.
Parmi les grands noms qui retrouveront eux aussi la Croisette, citons ceux de David Cronenberg (The Shrouds, avec Vincent Cassel et Diane Kruger), Paul Schrader (Oh, Canada,
avec Richard Gere et Uma Thurman), Jia Zhang-ke (Caught by the Tides, dont il parlera peut-être la semaine prochaine lors de sa masterclass à Visions du Réel, dont il est à Nyon un des invités d’honneur) et Paolo Sorrentino (Parthenope, qui marque son retour au grand écran après la série The New Pope et le film La Main de Dieu pour Netflix). Et on guette déjà avec envie les projections de Marcello mio, évocation par Christophe Honoré du grandissimo
Mastroianni avec sa fille Chiara, et Limonov, the Ballad of Eddie, biopic consacré par Kirill Serebrennikov
– d’après le récit éponyme d’Emmanuel Carrère – à l’atypique écrivain et dissident russe.
Laetitia Dosch en avocate pour animaux
Enfin, huit mois après son Lion d’or vénétien pour Pauvres Créatures, Yorgos Lanthimos sera à Cannes avec le film à sketchs Kinds of Kindness. Quant à Ali Abbasi, il s’intéresse dans The Apprentice aux jeunes années de Donald Trump. En marge d’une compétition qui sur le papier a fière allure, les sections non compétitives de la sélection officielle sont tout aussi riches en promesses, entre retrouvailles avec des auteurs aimés (Nabil Ayouch, Leos Carax, Rithy Panh, les frères Larrieu) et premières de prestige (Horizon, de Kevin Costner; Furiosa: une saga Mad Max, de George Miller).
Seconde section avec un palmarès à la clé, dédiée au jeune cinéma et aux recherches formelles, Un Certain Regard compte pour l’heure 15 titres, dont six premiers longs métrages. Parmi eux, une production suisse majoritaire: Le Procès du chien, de Laetitia Dosch. La comédienne – et donc désormais réalisatrice – romande y incarne Avril, «une avocate spécialisée dans la défense des animaux prête à tout pour sauver de la peine capitale son client, un chien récidiviste», dit son résumé.
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