Le Temps

A Cannes, le retour attendu de Francis Ford Coppola

La sélection de la 77e édition du Festival de Cannes a été dévoilée hier. David Cronenberg, Jia Zhang-ke, Christophe Honoré et Paolo Sorrentino brigueront la Palme d’or, tandis que l’actrice romande Laetitia Dosch présentera son premier long métrage

- STÉPHANE GOBBO @stephgobbo 77e Festival de Cannes, du 14 au 25 mai.

XIris Knobloch a vécu l’an dernier son premier Festival de Cannes en tant que présidente, et elle garde un souvenir intense et ému de cette première fois. Hier en fin de matinée, introduisa­nt la traditionn­elle conférence de presse d’annonce de la sélection officielle, l’Allemande, venue des studios Warner, a parlé cinéma et insisté sur l’importance et le rayonnemen­t de la manifestat­ion plutôt que de se contenter, comme le faisait parfois son prédécesse­ur Pierre Lescure, de saluer les sponsors. Et de citer notamment les près de 30 nomination­s aux Oscars reçues cette année par les films repérés l’an dernier par Thierry Frémaux et ses équipes.

Pour Iris Knobloch, le choix de confier à Greta Gerwig la présidence du jury qui remettra le samedi 25 mai la Palme d’or 2024 est un symbole fort. La réalisatri­ce de Barbie, dit-elle, «incarne parfaiteme­nt l’âme du festival, ce que nous sommes et ce que nous voulons continuer à être. Elle est animée d’un amour profond pour le cinéma et son histoire, mais avec aussi la volonté d’en réinventer les codes, promenant son regard unique de la scène indépendan­te à Hollywood.» A qui l’actrice, scénariste et réalisatri­ce remettrat-elle le trophée suprême, une année après le sacre d’Anatomie d’une chute? Pour l’heure, 19 longs métrages composent la compétitio­n. Un ou deux ajouts devraient comme de coutume être faits prochainem­ent.

Seulement quatre femmes en lice pour la Palme

Première constatati­on, et pas des moindres: seules quatre réalisatri­ces ont été retenues, c’est bien peu et moins qu’en 2023. Parmi elles, un nom connu, celui de la Britanniqu­e Andrea Arnold (Red Road, Fish Tank, American Honey), qui présentera Bird, sur «une jeune fille de banlieue tentant d’échapper à la fatalité sociale», selon les mots de Thierry Frémaux. La documentar­iste indienne Payal Kapadia dévoilera de son côté la fiction All We Imagine As Light, tandis que deux cinéastes françaises fouleront le tapis rouge: Agathe Riedinger pour Diamant brut, «sur une jeune fille du sud de la France qui a des rêves et des utopies», et Coralie Fargeat, qui après Revenge signe avec The Substance un deuxième film américain – «un film gore avec Demi Moore et tellement de sang qu’on a l’impression qu’il traverse l’écran». Seconde constatati­on, seuls deux réalisateu­rs sélectionn­és ont déjà reçu la Palme d’or, une fois pour Jacques Audiard (Dheepan) et deux pour Francis Ford Coppola (Conversati­on secrète et Apocalypse Now); c’est, là aussi, moins qu’il y a 12 mois, où cinq cinéastes palmés étaient en compétitio­n. Le Français revient avec Emilia Perez,

«une comédie musicale chez les cartels mexicains, mais il ne faut pas en dire plus», l’Américain avec le très attendu Megalopoli­s, un ambitieux film de science-fiction dont il a commencé l’écriture dans les années 1980.

Parmi les grands noms qui retrouvero­nt eux aussi la Croisette, citons ceux de David Cronenberg (The Shrouds, avec Vincent Cassel et Diane Kruger), Paul Schrader (Oh, Canada,

avec Richard Gere et Uma Thurman), Jia Zhang-ke (Caught by the Tides, dont il parlera peut-être la semaine prochaine lors de sa masterclas­s à Visions du Réel, dont il est à Nyon un des invités d’honneur) et Paolo Sorrentino (Parthenope, qui marque son retour au grand écran après la série The New Pope et le film La Main de Dieu pour Netflix). Et on guette déjà avec envie les projection­s de Marcello mio, évocation par Christophe Honoré du grandissim­o

Mastroiann­i avec sa fille Chiara, et Limonov, the Ballad of Eddie, biopic consacré par Kirill Serebrenni­kov

– d’après le récit éponyme d’Emmanuel Carrère – à l’atypique écrivain et dissident russe.

Laetitia Dosch en avocate pour animaux

Enfin, huit mois après son Lion d’or vénétien pour Pauvres Créatures, Yorgos Lanthimos sera à Cannes avec le film à sketchs Kinds of Kindness. Quant à Ali Abbasi, il s’intéresse dans The Apprentice aux jeunes années de Donald Trump. En marge d’une compétitio­n qui sur le papier a fière allure, les sections non compétitiv­es de la sélection officielle sont tout aussi riches en promesses, entre retrouvail­les avec des auteurs aimés (Nabil Ayouch, Leos Carax, Rithy Panh, les frères Larrieu) et premières de prestige (Horizon, de Kevin Costner; Furiosa: une saga Mad Max, de George Miller).

Seconde section avec un palmarès à la clé, dédiée au jeune cinéma et aux recherches formelles, Un Certain Regard compte pour l’heure 15 titres, dont six premiers longs métrages. Parmi eux, une production suisse majoritair­e: Le Procès du chien, de Laetitia Dosch. La comédienne – et donc désormais réalisatri­ce – romande y incarne Avril, «une avocate spécialisé­e dans la défense des animaux prête à tout pour sauver de la peine capitale son client, un chien récidivist­e», dit son résumé.

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