Une comédie musicale où James Bond est local
Imaginez une Suisse qui aurait connu un destin radicalement différent. Sous le joug d’un régime communiste à la suite d’une initiative populaire, le pays aurait évolué en vase clos, isolé du monde et de la modernité par des murs – une Allemagne de l’Est sans Trabant. En sous-terrain, des agents, dont un jeune espion aux airs de James Bond, s’activent à contourner le pouvoir totalitaire…
Cette uchronie ne sort pas de nulle part. En 1990, en plein scandale des fiches, on apprenait l’existence de la P-26, organisation secrète destinée à orchestrer la résistance en cas d’invasion et d’occupation de la Suisse durant la Guerre froide. Mélangez l’histoire à un film d’espionnage et une production Broadway: vous obtiendrez Au Service Secret de la Confédération, une comédie musicale qui se veut aussi palpitante que rocambolesque et présentée à Genève la semaine prochaine.
Le cerveau de l’opération? Gaspard Boesch, comédien, cofondateur de la Compagnie Confiture qu’on a vu aux manettes de La Revue genevoise. La mission? Marquer l’inauguration de la nouvelle Salle Ernest-Ansermet, au boulevard CarlVogt. Un lieu emblématique qui s’apprête à accueillir l’Ecole des musiques actuelles – et le public.
L’aventure bondit dans le temps pour éclairer notre époque des lumières du passé, faire clasher les modes de vie, les valeurs, les systèmes politiques. Avec les sauts musicaux qui vont avec – jazz, rock ou latino.
Sur scène, 17 artistes où des comédiens et danseurs professionnels côtoient une demi-douzaine d’élèves de l’eMa, qui ont participé à la composition et l’arrangement de la musique, coachés par Antoine Courvoisier.
De la pédagogie, mais de l’aventure surtout, immersive grâce à la spatialisation sonore qu’offre la salle – on aura l’impression de sentir un hélicoptère voler. Aux côtés du jeune James Bond «qui voudrait être un homme d’action, mais se trouve rapidement confronté à la discrétion suisse», il y a des politicards arrivistes, une espionne-caméléon, un fabricant de gadgets (dont une Vespa trafiquée), ou encore un dictateur frustré et son arme fatale: un cor des Alpes capable d’effacer la mémoire… ■