Le Temps

A Bienne, la Pologne trop forte pour une Suisse courageuse

Promues titulaires en l’absence de Bencic et Golubic, Simona Waltert et Céline Naef ont livré deux beaux combats, chacune à sa manière, mais elles se sont inclinées. Samedi, Iga Swiatek devrait apporter le point décisif aux Polonaises

- LAURENT FAVRE @LaurentFav­re

Drôle d'endroit pour de drôles de rencontres. Ici, au détour d'une porte, à l'angle d'un couloir, au pied d'un escalier, on peut tomber sur une présidente de Confédérat­ion, une numéro 1 mondiale, un président de fédération, et même une ex-top 10 mondiale (Timea Bacsinszky) assise dans le public en toute simplicité. C'est le charme particulie­r de la Billie Jean King Cup, la plus grande compétitio­n par équipe féminine au monde, disputée à la bonne franquette au centre de Swiss Tennis à Bienne. Ce sera sans doute autre chose en novembre prochain à Séville pour celle des deux équipes qui accèdera au tour final.

Dehors, les tables et les bancs pliables posés sur le gazon à côté de stands où les saucisses sifflent comme des grillons, le soleil déjà estival sur le Seeland, les tenues également rouge et blanc des supporters suisses et polonais, et bien sûr la présence de Viola Amherd; tout cela donne des airs de 1er Août à cette première journée, même si dans le camp helvétique on

«Je devais défendre mon statut de numéro 1 mondiale» IGA SWIATEK

s'attend plus au pétard mouillé qu'au feu d'artifice. La Pologne n'aligne-t-elle pas la meilleure joueuse du monde?

Le trop grand écart

Iga Swiatek est probableme­nt venue à Bienne pour satisfaire aux critères de la Fédération internatio­nale de tennis afin d'être éligible pour le tournoi olympique de Paris, sur son court fétiche de Roland-Garros. Puisqu'elle est là, elle joue comme elle sait le faire, avec beaucoup de maîtrise et d'intensité. Elle agresse du fond de court, joue près des lignes, rate très peu.

Cela va vite, très vite pour Simona Waltert, qui fait ce qu'elle peut. La Grisonne trouve son plaisir à défaut de son salut dans un relâchemen­t progressif. Quand ses coups partent, elle est redoutable. Mais c'est trop épisodique et Swiatek s'impose 6-3 6-1 en 84 minutes.

A un moment du match, la longiligne Waltert a réalisé au bout d'une glissade défensive un grand écart parfait. Avec le sourire. Un bon résumé du match: malgré ses efforts et une certaine grâce, la Suissesse ne pouvait pas combler 157 rangs de différence au classement mondial. «Ce n'était pas un match facile, il y a eu de nombreuses égalités, de nombreuses balles de break, elle jouait sans pression alors que moi je devais défendre mon statut de numéro 1 mondiale», expliquait Iga Swiatek, satisfaite d'avoir su «rester calme malgré le public contre [elle] et quelques erreurs au départ».

La présence de la numéro 1 mondiale laissait à croire que l'adversaire était un épouvantai­l. C'est oublier que la BJK Cup est une compétitio­n par équipe et que Swiatek est un peu seule. La Pologne n'a jamais fait mieux que deux quarts de finale dans la compétitio­n.

Au mur de la halle de Swiss Tennis, un immense poster rappelle que la Suisse a remporté la BJK Cup en 2022. De la photo au court, il manque Belinda Bencic (qui doit prochainem­ent accoucher), Viktorija Golubic (blessée) et Jil Teichmann (remplaçant­e). Teichmann, retombée au 213e rang mondial, est tout sourire, Golubic a échauffé Waltert en début d'aprèsmidi: la Suisse n'a plus de grande joueuse mais toujours une véritable équipe.

Les regrets de Céline Naef

Cet état d'esprit a sans doute aidé la jeune Céline Naef (18 ans, 148e mondiale) à bien entrer dans son match contre la plus expériment­ée Magdalena Frech (26 ans, 52e mondiale). Sans complexe, la Schwytzois­e démarre pied au plancher, et mène 3-0. Le beau rêve ne dure pas et la Polonaise revient au contact (3-3). C'est le début alors d'un long bras de fer, où les deux joueuses prennent successive­ment l'ascendant, parfois d'un jeu à l'autre. Ce n'est pas toujours très beau, entre Naef qui rate beaucoup (57 fautes directes) et Frech qui tente peu, mais c'est intense et sacrément prenant.

Céline Naef chipe le premier set au tie-break (10-8), mène 5-4 30-0 mais manque trois coups consécutif­s. Elle perd la seconde manche à cause des nerfs, et le match à cause de la fatigue (6-7 7-5 6-3 pour la Polonaise en 2h52). Il lui faudra sécher ses larmes et retrouver des forces pour affronter Iga Swiatek samedi en début d'aprèsmidi dans une rencontre décisive que la Suisse ne peut pas perdre mais que Naef ne parviendra sans doute pas à gagner.

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