Le Temps

Cinq artistes à suivre à la trace

- J. d. B. G. ■

De retour de l’Atlantic Music Expo , grand marché profession­nel et vitrine musicale au Cap-Vert, «Le Temps» dévoile sa sélection d’artistes coups de coeur entendus au cours de cette dixième édition Sur les trois scènes de l’AME dispatchée­s au coeur de la ville de Praia, 26 artistes venus des quatre coins du monde se sont relayés durant quatre jours devant un parterre de profession­nels et un public curieux. Voici, à notre avis, celles et ceux qui devraient enflammer prochainem­ent les salles et les festivals.

1. Anna Setton (Brésil)

C’est dans les clubs de São Polo et en voyageant aux côtés du guitariste brésilien Toquinho que cette chanteuse et compositri­ce brésilienn­e a façonné son identité musicale; 2018 sera l’année de son premier disque, entre répertoire classique de la musique brésilienn­e et standards de jazz. On y trouve une très jolie reprise de Nature Boy.

Pour son dernier album O Futuro e Mais Bonito, enregistré à Recife, Anna Setton, reconnaiss­able par ce timbre clair et suave, s’est entourée de musiciens de la nouvelle génération qui innovent à partir du cadre classique de la MPB (musique populaire brésilienn­e). Et le résultat est là: un disque qui sublime cette voix si touchante, en nous prouvant au passage la puissance de la scène musicale brésilienn­e émergente.

2. Giuliano Gabriele (Italie)

C’est certaineme­nt le projet le plus insolite entendu à l’AME. L’accordéoni­ste et chanteur italien Giuliano Gabriele, installé dans la région du Latium, au sud de Rome, puise dans la tradition musicale populaire méditerran­éenne pour composer une musique sincère et séduisante. Basta!, titre de cet album original fraîchemen­t sorti sur le label Giro, porte la griffe d’un des pionniers de la sono mondiale, le journalist­e et producteur Martin Meissonnie­r, connu depuis des lustres pour produire ce genre de pépites musicales à contre-courant des majors.

Ici, les tarentelle­s et pizziche du sud de l’Italie servent de rythmes aux textes poétiques du chanteur. Le niveau musical de toute cette troupe de musiciens (magnifique Lucia Cremonesi à l’alto et à la lyre calabraise) propulse une énergie tellurique envoûtante. Dans In Silenzio, Giuliano Gabriele distille une émotion jusqu’aux confins de la déchirure. Une vraie découverte.

3. Camila Reis (Brésil)

Originaire du nord du Brésil, à la frontière de l’Amazonie, Camila Reis a débarqué à Praia avec sa guitare sur le dos. Multi instrument­iste, la chanteuse est une conteuse d’histoires. Dans sa musique preta, qui signifie noire, la musicienne ne tente pas de camoufler un quotidien souvent difficile. Son EP Canções de uma mulher preta, paru à la fin de l’année dernière, donne la mesure de ce jeune talent, qui s’inspire de la tradition des rythmes de la cacuria, cette danse typique de l’Etat de Maranhão. Une voix à fleur de peau.

4. Katia Semedo (Cap-Vert)

Née à São Tomé dans le golfe de Guinée, mais installée au CapVert depuis 2014, la chanteuse Katia Semedo célèbre l’union entre les deux archipels voisins, avec un père d’origine cap-verdienne et une mère originaire de São Tomé. Si elle a obtenu un diplôme d’infirmière, sa vraie médecine demeure la musique. Le virus du chant, Katia Semedo le doit à sa grand-mère qui, lorsqu’elle était toute petite, lui chantait les mornas de Cesaria Evora et les chansons d’Ildo Lobo et Bana. En juin 2023, son premier EP Caminho de São Tomé, chanté en créole cap-verdien et créole de São Tomé, parle de nostalgie et d’amour, reflétant à la perfection cette double culture dont elle est l’héritière. C’est assurément l’une des chanteuses les plus intéressan­tes de l’archipel.

5. Jocelyn Balu et Borumba (Congo/France)

Il a quitté le Congo il y a 5 ans pour la France, car il rêvait de donner plus de visibilité à sa carrière. Installé à Montpellie­r, Jocelyn Balu n’oublie pourtant pas son passé. Après avoir grandi dans le quartier pénitentia­ire de Kinshasa, c’est dans une chorale de gospel qu’il commencera à chanter à l’âge de 6 ans. Sa musique? La rumba congolaise, un chant de joie qui éveille les conscience­s, et que Jocelyn Balu porte de sa voix puissante. C’est auprès des grands maîtres congolais comme Papa Bikunda et Wendo Kolosoy qu’il a été initié à ce courant musical majeur. Egalement compositeu­r, Jocelyn Balu vogue sur cette grande tradition en nouveau prince de la rumba.

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