Une bonne occasion de briser les clichés

Milvignes accueille pour la première fois la communauté yéniche. la commune neuchâteloise espère contribuer à mieux faire connaître cette minorité nationale

A Milvignes, il a fallu quelques semaines avant que ne soit rendue la décision d’accueillir la communauté yéniche installée depuis samedi à Auvernier. «C’est une première, indique Marlène Lanthemann, conseillère communale chargée de la Sécurité. Nous avons considéré que le terrain d’Auvernier, qui accueille différentes manifestations et dispose de raccordements à l’eau et à l’électricité, s’y prêterait bien.»

L’élue PLR rappelle que les communes «ont un devoir d’accueil vis-à-vis de cette communauté composée de citoyens suisses qui paient leurs impôts en Suisse». Il s’agit aussi pour elle d’une bonne occasion de briser des clichés, en permettant des échanges avec la population et les enfants de la communauté et du village.

Pour éviter que la population ne soit surprise, la commune s’est montrée proactive en expliquant sa démarche dans l’hebdomadaire local Littoral Région début avril. Au-delà de quelques félicitations ou critiques, elle a surtout révélé une certaine méconnaissance: «Tout le monde ne sait pas qu’il y a des gens du voyage suisses, ce qui rend le travail d’éducation d’autant plus important.»

Ce premier accueil de familles yéniches au début de la belle saison constitue une phase de test, et l’accord pourrait être renouvelé si tout se passe bien. «Et il n’y a pas de raison que cela se passe mal, insiste Marlène Lanthemann. Nous voulons faire taire nos détracteurs, et cela incitera peut-être d’autres communes à faire preuve d’ouverture. Certains collègues m’ont déjà dit qu’ils attendent de voir comment cela se passe chez nous avant de réfléchir à un éventuel accueil.»

Manque de places important

Dans un rapport de 2021, la Fondation Assurer l’avenir des gens du voyage suisses relevait que notre pays compte 24 aires de passage dédiées aux minorités nomades nationales – dont deux seulement en Suisse romande – alors qu’il en faudrait 80: «Elles ne couvrent que 30 à 40% des besoins et ne suffisent nettement pas». Les gens du voyage étrangers disposent quant à eux de sept aires de transit, dont cinq en Romandie.

Des planifications sont en cours dans plusieurs cantons pour améliorer la situation. ■